Mémoire vive / Côté professionnel

Mémoire vive / Côté professionnel
De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

lundi 30 juin 2014

Z comme Zohor

C'est le nom d'une ville et mon futur terrain d'investigations. C'est le point de départ des recherches pour lesquelles j'ai été mandatée et qui vont m'occuper une partie de l'été. Le début d'une grande aventure qui devrait me mener  à travers l'Europe, son histoire et sa géographie au cours du 20ème siècle.


Au moment où débutent mes recherches, la ville appartient à l'Autriche-Hongrie. Et puis au gré des frontières et des guerres, elle relèvera de la Hongrie, puis de la Tchécoslovaquie et enfin de la Slovaquie. Je vais dans un premier temps me familiariser avec l'histoire de cette ville et des mouvements des frontières.

Je pars à la recherche d'une famille nombreuse, et cette quête devrait m'emmener également en Ukraine. Mais pas seulement. D'après les premiers éléments en ma possession, je vais connaitre les chemins de l'exil, pour ceux d'entre eux qui sont partis aux États-Unis, mais aussi les chemins de la terreur pour ceux d'entre eux qui ont été déportés et exterminés. A la recherche de la moindre info, du moindre indice, de la plus petite pièce de puzzle qui me permettra de reconstituer l'histoire de cette famille. 

Beaucoup de travail en perspective donc, l'occasion aussi de nouer des contacts professionnels grâce aux généalogistes de toute nationalité présents sur les réseaux sociaux. Voilà qui s'annonce certes compliqué, mais ô combien formateur et passionnant.


samedi 28 juin 2014

Y comme Yerba Mate

Réédition du "Y "du précédent challenge, qui en fin de course est passé quelque peu inaperçu. Remise à l'honneur donc de ce breuvage dont tous les challengers, à cette avant dernière étape, auraient bien besoin...
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Il y a quelques temps, l'un de mes cousins éloignés, médecin et féru de généalogie, m'a fait parvenir un document qu'il avait trouvé et qui concernait l'un de nos ancêtres commun, le Docteur Charles Monot (1830-1914)  dont j'ai a plusieurs reprises parlé dans ce blog.



©Jourda


"Le Médicament dans le Nivernais au 19ème siècle" par Guy Thuillier est un ouvrage traitant des médicaments et des remèdes,et de leur place dans la société de l'époque, bien avant la mise en place d'un système de protection sociale. L'auteur prend comme champ d'analyse le Nivernais de la seconde moitié du 19ème siècle.



Il parle ainsi dans son introduction de l'importance des préparations pharmaceutiques prescrites par les médecins, et cite comme exemple le vin fortifiant du Dr Monot de Montsauche, l'Yerba Mate du Paraguay, nommé également le thé des jésuites.

Il est présenté comme étant "le réparateur par excellence, le plus efficace des nutritifs, le plus agréable des toniques".

credit : theplanteater.com
Le "vin" Monot est fabriqué à partir de matéine. Le docteur en confie la réalisation à un pharmacien d'Autun. Pour vanter les mérites de son produit, il rédige lui même un prospectus dans lequel il décrit les effets thérapeutiques de son vin, et rapporte les témoignages des patients à qui il a été prescrit.

 Le fortifiant agit sur le système digestif, stimule le système nerveux, "repose de la fatigue et excite au travail".

Il est prescrit à un prix modique aux personnes qui manquent d'appétit, qui ont besoin de se reconstituer.





vendredi 27 juin 2014

X comme Xème arrondissement

Paul est né le 12 décembre 1904, au 13 de la rue Bouchardon, Paris Xème. Il est le fils cadet de Paul Henri Dardaud et de  Flore, Juliette, le petit-fils d'Euphémie Boivin et le futur époux de Germaine. Il est le troisième d'une fratrie composée de deux autre garçons, Gabriel et Pierre.



Paul enfant © Dardaud
En 1914, au moment du décès tragique des ses parents Paul n'est pas encore âgé de 10 ans. Alors que leur frère aîné est parti pour la Belgique pour faire son noviciat et entrer dans les ordres, les deux plus jeunes sont confiés à leur famille maternelle ; leur grand-père Claude Etienne devient leur tuteur. Les deux frères vont vivre à Angerville ou Etampes, avec leurs tantes et leurs cousins.

La question de l'avenir des deux frères restés en France, va se poser. On ignore quelle est leur situation financière, ce qui leur a été laissé par leurs parents. De toutes façons, ils sont encore mineurs et doivent bien apprendre un métier.

Ils vont être confiés aux bons soins des Orphelins Apprentis d'Auteuil. Cette institution créée en 1886, existe toujours. Elle avait pour vocation d'accueillir des orphelins et de les former à un métier artisanal : boulanger, cordonnier, menuisier, fondeur, jardinier etc.

Pierre d'abord en 1916, puis rejoint par son frère Paul en août 1918, vont choisir - mais peut-être a-t-on choisi pour eux- l'imprimerie. Ils vont apprendre le métier de linotypiste.



Paul apprenti © Dardaud

L'ouvrier linotypiste doit son nom à la machine sur laquelle il travaille, la Linotype (qui vient de l'anglais "line of types", soit "ligne de caractères"). Cette machine permettait de composer au plomb fondu d'un bloc, chaque ligne de caractère préalablement saisie sur un clavier. C'est un métier qui appartient désormais à une époque révolue.


Paul salarié © Dardaud
Paul va donc commencer son apprentissage. Il va durer quatre années. Une fois achevé, Paul reste aux Orphelins apprentis d'Auteuil, en tant que salarié. 

Lors du mariage de son frère en 1925, il fait la connaissance de Germaine qu'il épouse en décembre 1927 à Paris.

Paul et Germaine ©Dardaud 
Très vite, le couple emménage à Suresnes dans les Hauts-de-Seine. Deux fils naîtront de cette union, Jacques et Yves. Le couple ne quittera jamais Suresnes et sa cité jardin, excepté pendant l'occupation, où ils trouveront refuge pour quelques mois en Haute-Saône. Après guerre, Paul et Germaine mèneront une vie paisible où enfants et petits-enfants tiendront toute leur place. Ils resteront mariés pendant plus de soixante-cinq années.

L'histoire de Paul est à la fois spécifique et universelle : il appartient, ainsi que son épouse, à cette génération qui née au début du XXème siècle, le traversera. Ensemble, ils seront les témoins de bien des évolutions technologiques et auront connu nombre de bouleversements historiques et géographiques. Ils se seront retirés, discrètement, juste avant que ce siècle tumultueux ne s'achève.


jeudi 26 juin 2014

W comme W ou le souvenir d'enfance

Georges Perec est né le 7 mars 1936 à Paris. Il est le fils de Icek Peretz et de Cyrla Szulewicz, juifs polonais immigrés en France. La famille réside à Paris, dans le 19e arrondissement. Cyrla est coiffeuse. Quand la guerre éclate en 1939, Icek s'engage dans l'armée pour combattre les nazis. Il est grièvement blessé en juin 1940, en sautant sur une mine . Il succombera à ses blessures. En 1941, Cyrla décide d'envoyer Georges chez sa tante Esther, alors installée à Villard-de-Lans. En janvier 1943, Cyrla est arrêtée puis déportée à Auschwitz d'où elle ne reviendra pas.

Ce livre devait être à l'origine  le troisième volet d'un projet autobiographique, que finalement l'auteur n'a pas mené à bien. 



Le récit autobiographique se compose de deux parties : la première relate ses six premières années passées auprès de ses parents et s'achève sur la séparation d'avec sa mère ; la deuxième période s'étend de son arrivée à Villard-de-Lans, en compagnie de son oncle, sa tante et sa cousine jusqu'à la libération. Paradoxalement,  assez rapidement, Pérec annonce qu'il n'a pas de souvenirs d'enfance. Pour reconstituer son histoire, il va pour la première partie s'appuyer sur des photos pour retrouver les visages oubliés de ses parents : il va reprendre le témoignage et les anecdotes de ses proches. Il rapporte ce qu'on lui a rapporté.  Il devient ce que j'appelle un "travailleur de la mémoire", en utilisant tout ce qui est à sa portée pour reconstituer sa propre histoire. C'est un processus très bien décrit par Boris Cyrulnik (détaillé dans ce billet "généalogie, mémoire et résilience") qui explique que lorsqu'on a un trou à l'origine de son histoire, c'est soit l'angoisse, soit la créativité. L'angoisse comme le vertige du vide, mais la créativité qui donne le gout de l'énigme.

Georges Pérec exprime sa créativité en entremêlant son récit autobiographique d'une fiction, rédigée au moment de son adolescence. Il raconte l'histoire de Gaspard Winckler, de retour de l’île de W, quelque part dans la terre de feu. La première partie de son récit s'intéresse à l'histoire des origines du narrateur, pour s'arrêter brutalement et finalement laisser place dans la deuxième  à une description extrêmement méticuleuse de l’île de W, de ses mœurs et de son système terrifiant bâti autour du sport roi, qui reprend tous les éléments des camps de concentration et d'extermination.

Les deux récits s’entremêlent pour finalement devenir indissociable . C'est une véritable quête d'identité pour récupérer ce que "l'histoire avec sa grande hache" lui a volé.

C'est un livre que j'ai lu voila des années. Mais depuis que je travaille et m'interroge sur la généalogie, je lui trouve un écho particulier, dans le fait de vouloir récupérer son histoire familiale. J'ai déjà parlé dans ce blog de ma conception de la généalogie et du métier que j'exerçais. Mais plus j'avance, plus je m'aperçois qu'à travers les demandes des personnes qui viennent me consulter, il y a cette constante quête d'identité, cette profonde interrogation sur la place que l'on occupe au sein d'une famille, d'une génération. Toutes les histoires familiales ne sont pas aussi tragiques que celles de Georges Perec, mais la démarche reste la même. Aller à la recherche de ce qu'on ignore, fouiller parmi des papiers, des photos : faire parler ceux qui ont connu ceux qui ont maintenant disparu. Replacer dans leurs contextes les personnes et les faits, comprendre, chercher à comprendre sans toujours avoir les réponses.

J'ai toujours aimé les livres de Georges Perec et son questionnement de la mémoire notamment dans la litanie de "Je me souviens". Il joue avec les codes de l'autobiographie qu'il contourne et réinvente. Il parvient ainsi, à partir de sa propre expérience à nous toucher et à tendre vers l'universel. Brillant.

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Je vous conseille pour aller plus loin de vous reporter à l'article consacré à ce livre publié sur ce blog ; très intéressant et instructif.

Pour le coté professionnel de Mémoire vive, retrouvez-moi sur le site en cliquant ici .

mercredi 25 juin 2014

V comme Veuve

Jean et Marie ont été mariés si peu de temps ! Ils se sont dit "oui" le 25 août 1913 à Montignac-sur-Vézère, en Dordogne. Un peu moins d'un an plus tard naissait leur fille -ma grand-mère Jeanne- le 26 juillet 1914.
Le 1er août, la guerre était déclarée.

crédit photo : Photopin
Jean est né le 18 septembre 1889 à Rouffignac. Il est cultivateur. Marie, est née le 15 mars 1891 à Montignac-sur-Vézère. Elle est lingère.

Marie Dome
crédit photo : Jourda



Juste une année de vie conjugale puis ce sera la séparation, non volontaire : Jean est mobilisé et affecté au 9ème Régiment d'Infanterie (devenu 209ème), en caserne à Agen, puis rapidement envoyé au front.

Jean Chanteloube
crédit photo : Jourda

Dans la famille, on raconte qu'il a pu obtenir une permission pour venir voir sa femme et sa fille.
Une seule rencontre.
Le 30 septembre 1915, il est "tué à l'ennemi" au Bois Sabot, dans la Marne. Le récit de la bataille du Bois Sabot est racontée sur différents sites Internet, dont celui-ci .


Veuve, Marie part se placer comme lingère dans une grande famille de Bordeaux, où déjà son demi-frère Albert officie comme homme de chambre. La petite Jeanne est confiée aux bons soins de sa grand-mère maternelle, Annette.



Par la suite, la jeune veuve, lasse d'être séparée de sa fille, décide de rentrer à Montignac. Elle prend en gérance une épicerie rue de Juillet appelée "La Ruche". Elle travaille et élève sa fille. Puis, devenue grande, celle-ci viendra travailler avec elle.Les deux femmes ne se sont jamais quittées, même quand Jeanne s'est mariée et a eu à son tour des enfants. Marie est toujours restée auprès de sa fille, prenant soin de ses petits-enfants en grand-mère affectionnée, attentive, exemplaire. Elle décède en 1956.

Elle est longtemps demeurée comme une figure de cette petite ville périgourdine. Elle ne s'est jamais remariée. Elle a porté le deuil de son mari toute sa vie. Quant à ma grand-mère Jeanne, elle s'est éteinte en novembre 2010, à l'âge de 96 ans.

mardi 24 juin 2014

U comme Ultimes demeures

Alors que je travaille actuellement sur des recherches qui me mènent aux confins de l'Europe centrale, m'est revenu à la mémoire cette promenade dans le vieux cimetière juif de Prague, qui m'avait inspiré ce billet sur les ultimes demeures.

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Nouvelle promenade dans la série des dernières demeures (ParisMilan et Berlin), Toussaint oblige. Mais paradoxalement, je vous propose de vous faire découvrir le vieux cimetière juif de Prague, signalé dans tous les guides touristiques et dont la visite est strictement balisée, ce qui est bien dommage pour une amatrice comme moi de déambulation entre les pierres tombales.

Nous sommes dans un endroit chargé d'histoire, en plein coeur de l'ancien ghetto, dans le quartier de Josefov. L'ancien cimetière juif est considéré comme l'un des plus anciens d'Europe : créé en 1439, il ne reçoit plus de sépultures à partir de 1787, il est le symbole de la présence et de l'influence de la communauté juive à Prague.

On est frappé au premier regard de cet enchevêtrement de stèles : on a l'impression non pas qu'elles ont été plantées dans le sol mais qu'elles en sortent, qu'elles ont poussé de manière anarchique comme des végétaux de pierre. Le guide en précise le nombre : douze mille stèles en surface, quelques milliers sous terre. La terre, la pierre et les végétaux sont intimement liés.

©Anne Dardaud


©Anne Dardaud

Les arbres continuent de pousser entre les tombes, et on ne peut s'empêcher d'y voir un symbole de vie si cher aux généalogistes...

©Anne Dardaud

©Anne Dardaud
 Les pierres brutes ont subi l'érosion du temps ; les inscriptions en hébreu, les symboles représentants les noms de famille, donnent un relief à ces stèles comme autant de sillons de vie qui ont traversé les époques.

©Anne Dardaud
©Anne Dardaud
©Anne Dardaud
©Anne Dardaud
 C'est un lieu de recueillement et l'émotion est palpable. On a à l'esprit à la fois tous les apports de cette communauté, tant artistiques qu'intellectuels à l'identité européenne en général et à Prague en particulier, et les souffrances à travers les siècles, les persécutions régulières au fil de l'histoire et bien sur la déportation et l'extermination. Ces stèles me font penser à celles qui seront dressées en 2005 à Berlin en mémoire des juifs assassinés d'Europe.

Mais on est aussi touché par la beauté de l'endroit : elle se révèle au fur et à mesure que l'on chemine, et on s'imprègne alors progressivement de la paix du lieu.

La lumière tient un rôle prépondérant : pour un moment, elle met en valeur telle sépulture, garde dans l'ombre telle autre ; elle filtre à travers les arbres et dessine des ombres sur les stèles qui se transforment en toile éphémère.

©Anne Dardaud

©Anne Dardaud

©Anne Dardaud

Loin des traditionnels chrysanthèmes déposés chaque année sur la tombe de mes défunts ancêtres, visitant une ville où je n'ai aucune attache et au-delà de l'aspect confessionnel, j'ai trouvé dans ce cimetière, fermé depuis plus de deux cents ans, une véritable aspiration à la mémoire et à l'éternité.

lundi 23 juin 2014

T comme Tante

Elle se nomme Louise. Elle est la fille aînée de Charles Monot et de Marie Meslier. Elle est née à Montsauche dans la Nièvre le 29 juin 1864. La même année, le 13 décembre, nait sa deuxième soeur, Pauline. Suivra quelques années plus tard, le 1er mars 1875, Louis, un petit frère qui ne vivra que quelques heures, puis le 27 septembre 1880, Marie, mon arrière-grand-mère.

Famille Monot - Louise à gauche ; Marie au milieu, Pauline à droite
crédit photo : Jourda


La famille réside à Montsauche où le père, médecin, est également maire de la commune.

En 1889, Pauline se marie, et la famille s’agrandit avec la venue au monde de Marguerite en 1890 et de Marie en 1893. Louise devient alors Tante Louise. Les années passent, mais Louise demeure célibataire. Elle vit avec ses parents dans la demeure familiale de Montsauche. En 1904, c'est au tour de sa petite soeur Marie de prendre époux. Bientôt de nouveaux neveux viennent compléter la famille : Anne-Marie (ma grand-mère) en 1905, Elisabeth en 1906, Charles en 1908 et la petite Marguerite en 1911.

Les trois soeurs Monot et leur mère ; Louise à droite
Louise vit au rythme de la famille, des naissances et des deuils. Celui de son grand-père Louis Meslier d'abord en 1880, puis celui de sa nièce Marguerite , fille de Pauline, en 1908, dans des conditions tragiques (relatées dans ce billet). Son père s'éteint à l'âge de 83 ans, le 14 février 1914. Louise demeure naturellement aux côtés de sa mère, qui disparaît à son tour le 27 août 1928.

Louise reste seule dans la maison de Montsauche. Sa soeur Pauline réside avec son mari et sa fille en Saône-et-Loire ; en revanche, Marie la benjamine, habite avec son époux et ses enfants à Lormes à une vingtaine de kilomètres de Montsauche. Les deux soeurs se voient souvent.

Louise dans sa maison de Montsauche
crédit photo : Jourda

La vie suit son cours, les neveux et nièces se marient à leur tour. De nouveaux bébés viennent agrandir la famille ; Louise devient grand-tante. La voilà doyenne de la famille, gardienne de la mémoire de l'histoire de son père, de son œuvre et de son empreinte dans la région.

Louise avec le bébé sur les genoux - mon père - posant avec sa soeur Marie à sa droite, sa nièce et ses petites nièces
crédit photo : Jourda
Sa vie aurait pu se dérouler jusqu'à son terme paisiblement. Mais l'Histoire avec un grand H et la guerre en ont décidé autrement.

Le 26 juin 1944, la commune de Montsauche est intégralement incendiée par les soldats allemands, battant alors en retraite. Les habitants ont juste eu le temps de rassembler leurs effets personnels et sortir de chez eux. La maison de famille a complètement brulé. Tous les nombreux travaux de son père, mais aussi tous les meubles, les livres précieux de la bibliothèque, les papiers de famille, les photos ont été détruits.


 crédit photo : Jourda

 La pauvre tante Louise ne s'en relèvera pas. Elle décèdera quelques semaines plus tard.


samedi 21 juin 2014

S comme Soeur

Elle s'appelle Anne Dardaud. Elle est née à Limoges le 24 octobre 1835. Elle est la fille de Martial Dardaud et de Antoinette Rambaud. Deux après sa naissance, elle devient pour la première fois "soeur" ; sa mère met au monde un "petit frère" baptisé Pierre mais qui plus tard se fera appeler Léon.

La famille vit à Limoges. Le père exerce la profession de cordier. Plus tard son fils reprendra la même activité ; mais il quittera le Limousin pour venir s'installer d'abord à Montreuil, puis à Angerville, dans l'Essonne.

Pierre dit Léon Dardaud dans sa corderie;
crédit photo Dardaud
Quant à Anne, on la perd de vue ; c'est une oubliée de l'histoire familiale. Les générations suivantes ne connaissent pas son nom, ni son existence. Et là aussi, c'est par le biais de la recherche généalogique qu'on la retrouve, au détour d'un acte de décès. Elle est décédée à Clichy, le 31 mars 1905; elle était religieuse. La soeur de Pierre-dit-Léon est restée à l'état de "sœur" toute sa vie ; ni épouse, ni mère, ni tante. Elle aura consacrée toute sa vie à la religion.


vendredi 20 juin 2014

R comme Rendez-vous

R comme Réédition d'un billet publié l'année passée que j'avais envie de remettre à l'honneur, car il illustre parfaitement les joies et surprises de la généalogie.
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Lors de la première rencontre avec une personne qui vient solliciter votre aide pour retrouver ses ancêtres, on lui pose naturellement de nombreuses questions. D'où venez-vous ? D'où sont originaires vos parents ? Que savez-vous de vos origines familiales ? Que souhaitez-vous comme recherche ? A partir de ses réponses se dessinent progressivement les contours de la recherche à venir ainsi que les lieux où elle va nous emmener. Terres connues, terres inconnues, nous nous préparons à voyager dans le temps et dans l'espace, à travers l'exploration de régions, de départements, de communes aux noms parfois si poétiques. L'entretien terminé, nous sommes prêts à partir, tels des aventuriers, armés de la carte des archives départementales accessibles depuis le Net, de notre calendrier révolutionnaire, de nos codes d'accès à différents sites dédiés, de provisions de thé et de café, et bien sûr, en cas d'urgence et d'égarement, de fusées de détresse à envoyer via les réseaux sociaux à la communauté de généalogistes qui y sévit.

Une des personnes pour qui je travaille actuellement ne connaissait que peu de choses de la branche paternelle de sa branche maternelle. Elle savait juste que son grand-père était originaire du Morvan. Cette région aux confins de l'Yonne, de la Nièvre, de la Côte-d'Or et de la Saône-et-Loire est chère à mon cœur. C'est la terre d'une partie de mes ancêtres et sur laquelle évoluent encore nombre de leurs descendants.
La recherche s'annonçait bien, j'étais en terre connue.


©Anne Dardaud

Je finis par apprendre que ce grand-père était né au début du siècle dernier à Ouroux, rebaptisé depuis les années soixante, Ouroux-en-Morvan, dans la Nièvre. Le champ de recherche se réduisait et d'heureux hasards m'amenaient sur le territoire d'une commune que je connais physiquement, dans une aire géographique familière.

Ouroux-en-Morvan

Les tables décennales et les registres n'étant pas encore accessibles sur Internet, je commence alors mes explorations par le recensement de la commune en 1911 ; là je trouve la famille en question, ainsi que leurs professions et leurs lieux de naissance. Le père est né à Paris, mais la mère, dont le nom de jeune fille n'est pas mentionné, est née à Montsauche, en 1891. Or Montsauche, rebaptisée également Montsauche-les-Settons, est l'autre berceau de ma famille : mon arrière-grand-mère y est née, et son père en a été le maire de 1875 à 1914. En mon for intérieur, je me dis qu'il serait amusant, au détour d'un acte, de le retrouver dans ses fonctions d'officier d'état civil.

Il s'agit du Docteur Charles Monot, dont j'ai déjà parlé dans un précédent billet, et dont voici le merveilleux portrait.


Né à Moux dans la Nièvre en 1830,  il "monte" à Paris faire ses études de médecine. Très tôt sensibilisé aux problèmes de mortalité infantile, il est l'auteur de l'essai "De la mortalité excessive des enfants pendant la première année de leur existence, ses causes et des moyens de la restreindre" daté de 1872. Il est également à l'origine de la loi Roussel de 1884 pour la protection des nouveau-nés, et qui règlemente la profession des nourrices dont l'industrie était extrêmement présente dans le Morvan (voir le billet "Le lait du Morvan").


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75697g


C'est par conséquent sous l’œil bienveillant de cet honorable ancêtre que je passe sur les archives de la commune de Montsauche.


La personne que je recherche ne m'est connue que sous son nom d'épouse. Je ne dispose que de l'année de sa naissance : 1891. Je m'oriente dans un premier temps sur le recensement de 1891 ; je retrouve la famille grâce à la mention d'un nouveau-né de sexe féminin qui porte le même prénom que la personne que je recherche. C'est le seul nourrisson recensé dans la commune qui porte ce prénom. La probabilité qu'il s'agisse de la bonne personne est grande. Munie de ce nom de famille, je me dirige vers les tables décennales. Je trouve sa date de naissance ; mais les registres de l'état civil s'arrêtent à 1888. J'envoie alors une demande par écrit à la mairie et la réponse est tombée la semaine dernière : il s'agit de la bonne personne ; son mariage est mentionné dans la marge et c'est bien mon aïeul qui a enregistré sa naissance.


Les probabilités étaient grandes en effet dès lors que nous nous trouvions sur cette commune, à cette époque. Mais il n'empêche : rien ne laissait supposer que les descendants de ces personnes se retrouvent plus d'un siècle après la signature de cet acte, à plus de deux cents kilomètres de cette commune, dans une ville qui compte plus de deux millions d'habitants.

Ou alors au contraire, les chances étaient plus grandes du fait que ce sont les descendants de ces personnes qui peuplent la capitale. Les Parisiens sur plusieurs générations sont assez rares, et quand bien même, Paris a toujours été une terre d'accueil où se sont brassées à travers les siècles des populations aux origines variées. Parmi elles, beaucoup sont venues du Morvan.

http://www.lamorvandelle.org/Pages/Sommaire%20journ.html
Alors oui, finalement le poète Paul Eluard avait raison : "Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous ".



jeudi 19 juin 2014

Q comme Question

Question qui me taraude et revient régulièrement comme une épine généalogique : où est passée Thérèza ?

Thérèza Clémence Dardaud est née le 14 mars 1867 à Montreuil-sous-bois. Elle est la fille de Pierre dit Léon Dardaud et de Maris Clémence Destois. Ses parents se sont mariés le 19 mai 1866 à Passy.  Clémence est alors une jeune couturière de 20 ans. Elle est née à Sèvres le le 26 septembre 1845. Son père Philippe Destois est cordier, comme son époux. Sa mère, Joséphine Desnos ne semble pas avoir de profession reconnue. Marie Clémence est la première née de ce couple qui s'est marié à Paris en novembre 1844. Le couple accueillera ensuite, Victorine et Prosper.

Quant au marié, Pierre dit Léon, il  a quitté son limousin natal pour venir exercer sa profession en région parisienne. Son pére Martial était également cordier. Il a 8 ans de plus que sa son épouse.

Une fois marié, le couple s'installe à Montreuil-sous-bois, rue des deux communes, où Clémence va donner naissance en mars 1867 à une petite fille, prénommée Théreza. Mais, moins d'un mois après l'accouchement, le 10 avril 1867, Clémence décède.


Le 24 août de la même année,  Pierre dit Léon se remarie avec Euphémie Boivin, à la mairie du 15e arrondissement de Paris. La jeune femme est demoiselle de magasin. Le couple s'installe à Montreuil-sous-bois, où nait en décembre 1868, un petit garçon prénommé Gabriel, puis en 1870 un autre garçon prénommé Paul Henri.


Pierre dit Léon Dardaud, avec son fils Paul-Henri et son épouse Euphémie
crédit photo : Dardaud

Mais qu'est devenue la petite Théreza ? Est-elle la justification principale du remariage aussi rapide de son père ? Est-elle décédée quelques temps avant ou après sa mère ? A-t-elle été confiée à la famille de sa mère ? A-t-elle été élevée avec ses frères ? Voilà des questions auxquelles je n'ai aucune réponse. J'ai sollicité la mairie de Montreuil à la recherche d'un acte de décès, mais la réponse a été négative ; j'ai examiné les registres de décès de la commune d'Angerville où la famille Dardaud va s'installer par la suite, et rien, pas une trace. Les descendants de cette famille n'avaient jamais entendu parlé de cette enfant avant que les recherches généalogiques révèlent son existence et celle de sa mère. Elle semble s'être volatilisée. La réponse est peut-être toute simple et la difficulté réside dans l'accès aux documents. Mais j'ai le sentiment persistant que cette petite Thérèza n'a pas vécu très longtemps. J'espère avoir un jour la réponse à cette question.




mercredi 18 juin 2014

P comme père

C'est l'hymne des généalogistes ! On n'a pas fait mieux depuis. Déjà utilisé mais puisque c'est raccord avec mon thème, je ne bouderai pas mon plaisir. Interlude pour un billet express, bouffée de sourire et de légèreté dans une journée vraiment bien (trop?) remplie.



A écouter, ré-écouter sans modération ! 

Et pour ceux qui n'auraient pas eu le temps de tout noter : 

"Le papa du papa du papa de mon papa
Etait un petit pioupiou
La maman du papa du papa de mon papa,
Ell', ell' était nounou
Lui son nom, c'était Aimé Dépèch'
Et elle s'appelait Amélie Vite
Et attendez, attendez vous allez voir la suite...

Le papa du papa du papa de mon papa
S'affolait pour les mollets
D'la maman du papa du papa de mon papa,
Qui rêvait de convoler
Quand Aimé lutinait les jolis
Mollets moulés de la molle Amélie
Ell' frétillait, tortillait comm' l'anguille alanguie

Et de fil en aiguill' il est arrivé ce que vous pensez
Aimé a pris d'assaut les faveurs qu'Amélie voulait
lui refuser

Mais l'papa du papa du papa de mon papa
A dit : "J'suis pas un pourceau
J'voudrais pas qu'à cause d'un faux pas un' fill'
tombat
Dans l'opprob' du ruisseau
J'vas d'ce pas demander à son papa
La main de la belle Amélie Vite
Qui de ce fait va devenir Amélie Dépêche

Et leur fils, le papa du papa de mon papa
Qu'on nomma : Yvan Dépêche
Eut pour fils mon grand'papa Guilo qui était
un saint
C'était Saint Guilo Dépêch'
Qui en bégayant eut trois jumeaux :
Mon papa, mon tonton Dédé Dépêche
Et ma tata qui s'appell' Dépêch Al-Aline

Tante Aline épousa un Noyau et eut pour fille
Amédée Noyau Dépêch'
Amédée épousant un"bossac"pour devenir
bossac de Noyau Dépêch'
A un fils doté de trois prénoms
En souvenir de ses glorieux ancêtres

Yvan-Sévère-Aimé Bossac de Noyau Dépêche
(C'est mon cousin)
Yvan-Sévère-Aimé Bossac de Noyau Dépêche"

Généalogiquement exact ! 

mardi 17 juin 2014

O comme Oncle

Hier je vous parlais des neveux, aujourd'hui je vais vous parler de leur oncle, Léon Cosset.

Léon Cosset crédit:photo Dardaud
Léon Georges Cosset est né le 14 septembre 1878 au Chesnay, dans les Yvelines. Il est le fils d'Abel Auguste, et d'Alphonsine Huvet. Il est le troisième fils du couple. Sont nés avant lui :
- Paul Maurice Émile le 23 décembre1870 à Versailles mais qui décède quelques mois après sa naissance, le 12 octobre 1871.
- Lucien Maurice Émile, le 3 juillet 1877 toujours à Versailles.
Puis un dernier garçon viendra compléter cette fratrie : Maurice François Paul qui voit le jour le 28 février 1880, à Paris.

Leur père est artiste dramatique. Alors que ses enfants sont encore petits, il décède à Paris le 16 janvier 1887. Leur mère Alphonsine se remarie le 22 décembre 1894 à Paris 14e, avec Charles Louis Edmond Martinet.

Mais Abel a transmis à son fils Léon le goût du théâtre et des planches. Léon va devenir acteur. En 1905, il fait partie de la troupe du théâtre des Célestins à Lyon : on le retrouve ainsi mentionné dans cet article du Figaro, daté du 1er juillet 1905.

crédit : Gallica
Le 18 juin 1913, il épouse Blanche Sagnier, elle même actrice et qui officie sous le nom de scène de Claude Ritter.

Il arrive au couple de se retrouver sur scène, comme dans cette représentation de "Madame Sans-Gène" dont le Figaro daté du 18 mai 1921 relate la représentation.


crédit photo : Gallica
Léon ne semble pas avoir eu une immense carrière, mais il eut néanmoins de nombreux seconds rôles.

Léon Cosset
crédit photo Dardaud

Léon Cosset
crédit photo : Dardaud

Lorsque son frère et sa belle-sœur décèdent à un mois d'intervalle en 1915, il se retrouve, ainsi que son frère Maurice membre du conseil de famille. Les enfants sont dans un premier temps confiés à leur grand-père maternel Paulin Franquet. Ce qui est étonnant, c'est qu'après le décès de Léon survenu en 1924, ce soit son épouse qui récupère la tutelle de ses neveux par alliance, alors que leur oncle Maurice est toujours de ce monde et membre du conseil de famille.

Mais peut-être que Blanche a accepté cette responsabilité, sachant que l'aînée des enfants serait bientôt majeure et pourrait prendre alors la tutelle des ses frère et sœurs.
L'actrice a alors avancé comme argument une carrière prenante et un projet de tournée au Canada et en Amérique du sud. En l'état actuel de mes recherches, je ne sais pas si ce projet a pu voir le jour.
En revanche, il semblerait que Maurice, le dernier oncle,  soit décédé en 1926. La pauvre Alphonsine aura perdu ses trois fils en l'espace d'une dizaine d'années : à l'instar de leur père, ils n'auront pas dépassé les 45 ans.






lundi 16 juin 2014

N comme neveux

L'année dernière lors de la première édition du ChallengeAZ, j'avais relaté l'histoire de Germaine, arrière-grand-mère paternelle de mes enfants, et comment à l'age de 21 ans elle avait accepté la tutelle de ses frère et sœurs.

La fratrie Cosset crédit photo : Dardaud

Lucien Cosset et Marie Franquet s'étaient mariés le 2 juillet 1903 à Mézières. Entre 1904 et 1909, quatre enfants vont naitre de cette union. La famille réside à Charleville où Lucien est libraire. Quand éclate la guerre en août 1914, Lucien s'engage, malgré ses 37 ans et la charge de ses quatre enfants. Le reste de sa famille se réfugie à Saint-Leu-la-forêt, dans le Val d'Oise.
Marie, gravement malade décède le 14 février 1915. Un mois plus tard, Lucien est tué au cours de la bataille des Eparges.

Lucien Cosset crédit photo : Dardaud


Voilà donc les quatre enfants orphelins de mère et de père. La fratrie se voit confier dans un premier temps à leur grand-père maternel, Paulin Franquet. Un conseil de famille est instauré : il est composé de leur grand -mère paternelle Alphonsine Huvet, de leur oncle Léon Cosset et de son épouse Blanche Sagnier, et de la sœur de leur grand-mère. Les enfants sont orphelins mais pas sans famille.

Par la suite, ils vont être placés sous la tutelle de leur tante par alliance, Blanche Sagnier, actrice dramatique, épouse de Léon Cosset, décédé en 1924. Blanche Sagnier a pour nom de scène Claude Ritter.


Elle ne va pas rester tutrice bien longtemps : elle attend la majorité de l'ainée de la fratrie, Germaine, qui atteint ses 21 ans le 15 mai 1925. Sa tante, renonce à la tutelle qu'elle ne peut exercer de manière que de manière sporadique. La jeune fille, du haut de sa jeune majorité accepte la responsabilité de ses frère et sœurs; le 30 juin 1925, après une réunion du conseil de famille.

La tante débarrassée de la tutelle de ses neveux, va pouvoir se consacrer à sa carrière, qui sera longue. Elle décèdera en 1964, à l'age de 90 ans. Quant aux neveux, ils vont grandir et s'épanouir sous la responsabilité de leur jeune sœur aînée, qui mènera sa tâche avec zèle et dévouement. La fratrie restera toujours unie.