Mémoire vive / Côté professionnel

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De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

mercredi 7 novembre 2012

Poslední domy*


*Dernières demeures

Nouvelle promenade dans la série des dernières demeures (ParisMilan et Berlin), Toussaint oblige. Mais paradoxalement, je vous propose de vous faire découvrir le vieux cimetière juif de Prague, signalé dans tous les guides touristiques et dont la visite est strictement balisée, ce qui est bien dommage pour une amatrice comme moi de déambulation entre les pierres tombales.

Nous sommes dans un endroit chargé d'histoire, en plein coeur de l'ancien ghetto, dans le quartier de Josefov. L'ancien cimetière juif est considéré comme l'un des plus anciens d'Europe : créé en 1439, il ne reçoit plus de sépultures à partir de 1787, il est le symbole de la présence et de l'influence de la communauté juive à Prague.

On est frappé au premier regard de cet enchevêtrement de stèles : on a l'impression non pas qu'elles ont été plantées dans le sol mais qu'elles en sortent, qu'elles ont poussé de manière anarchique comme des végétaux de pierre. Le guide en précise le nombre : douze mille stèles en surface, quelques milliers sous terre. La terre, la pierre et les végétaux sont intimement liés. 

©Anne Dardaud


©Anne Dardaud

Les arbres continuent de pousser entre les tombes, et on ne peut s'empêcher d'y voir un symbole de vie si cher aux généalogistes...

©Anne Dardaud

©Anne Dardaud
 Les pierres brutes ont subi l'érosion du temps ; les inscriptions en hébreu, les symboles représentants les noms de famille, donnent un relief à ces stèles comme autant de sillons de vie qui ont traversé les époques.

©Anne Dardaud
©Anne Dardaud
©Anne Dardaud
©Anne Dardaud
 C'est un lieu de recueillement et l'émotion est palpable. On a à l'esprit à la fois tous les apports de cette communauté, tant artistiques qu'intellectuels à l'identité européenne en général et à Prague en particulier, et les souffrances à travers les siècles, les persécutions régulières au fil de l'histoire et bien sur la déportation et l'extermination. Ces stèles me font penser à celles qui seront dressées en 2005 à Berlin en mémoire des juifs assassinés d'Europe.

Mais on est aussi touché par la beauté de l'endroit : elle se révèle au fur et à mesure que l'on chemine, et on s'imprègne alors progressivement de la paix du lieu.

La lumière tient un rôle prépondérant : pour un moment, elle met en valeur telle sépulture, garde dans l'ombre telle autre ; elle filtre à travers les arbres et dessine des ombres sur les stèles qui se transforment en toile éphémère.

©Anne Dardaud

©Anne Dardaud

©Anne Dardaud

Loin des traditionnels chrysanthèmes déposés chaque année sur la tombe de mes défunts ancêtres, visitant une ville où je n'ai aucune attache et au-delà de l'aspect confessionnel, j'ai trouvé dans ce cimetière, fermé depuis plus de deux cents ans, une véritable aspiration à la mémoire et à l'éternité.

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