Mémoire vive / Côté professionnel

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De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

mardi 27 septembre 2011

Papiers de famille

Cornés, jaunis par le temps, retrouvés dans un tiroir, conservés dans une boîte au fond d'un grenier, les papiers de famille en disent long aussi bien sur leur époque que sur les personnes à qui ils ont appartenu.

Papiers administratifs, parfois illustrés de photos, parfois signés de la main de leur propriétaire, ils touchent au quotidien, marquent leur appartenance à une société donnée, à une période donnée.



Si on mélange les papiers officiels avec les papiers administratifs et les papiers intimes (faire-part, correspondance, carnets d'adresses…), on peut reconstituer la vie d'une personne, la "géolocaliser" à différents moments de sa vie, connaître ses relations familiales et amicales, ses goûts, ses intérêts...





Voilà ce qui annonce la naissance, avant de rejoindre la case prévue à cet effet dans le livret de famille de ses parents qui leur a été remis au moment de leur mariage.
Puis les lettres de félicitations pour les parents, les témoignages d'amitié et de réjouissance qui accompagnent la venue au monde d'un enfant dans un foyer uni et heureux.



Et puis la vie s'écoule, les enfants grandissent… et, selon les époques, vont à l'école.






Correspondance, dessins et souvenirs en tous genres se retrouvent chez une jeunesse privilégiée qui reçoit une bonne éducation, qui voyage et mène une vie agréable en attendant de rencontrer ˗ ou qu'on lui présente ˗ celui ou celle avec qui il faudra fonder une famille.


À d'autres époques, on trouve des cartes d'étudiant, des cartes de transport, des diplômes... 


Il y a aussi la convocation au service militaire et, en temps de guerre, l’ordre de mobilisation.
Les papiers officiels accompagnant la remise de médaille pour certains d'entre eux.





Carte postale du front à une autre époque : les visuels n'ont pas encore envahi leur quotidien ; peu d'images au début du conflit. Voici le recto-verso d'une carte postale envoyée par un père aimant à ses enfants.




Les livrets militaires sont des sources de renseignement précieux, allant même jusqu'à donner une description physique de son détenteur, ce qui permet de mieux imaginer la personne.




Plus gai, les mariages ! Faire-part, invitations, publications, félicitations, menus… le tout conservé comme souvenirs dans de beaux albums photo !







Moins gai, les faire-part de décès ; mais un vrai trésor pour les généalogistes qui peuvent ainsi tisser les liens familiaux…



À l'heure de la dématérialisation des papiers administratifs, maintenant que les e-mails et les SMS tiennent lieu de correspondance entre personnes, que les photos ne sortent plus des cartes mémoire et des ordinateurs, et que bientôt les livres auront disparu, que léguerons-nous à nos descendants ? Une bibliothèque photo virtuelle ? Un disque dur ou une clé USB comportant le résumé de notre vie en numérique… ? Nous tiendrons alors à distance les émotions que suscitent la lecture d'une signature faite à l'encre, un dessin réalisé par une grand-mère lorsqu'elle était enfant, l'odeur du papier vieilli… Ne resteront que des données brutes, sans illustration, froides, ne laissant aucune place à l'imagination, à l'interprétation, à tout ce qui fait le charme des souvenirs de famille.


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A partir du 28 septembre : Exposition aux archives nationales

"Fichés ? Photographie et indentification du Second Empire aux années soixante"

Fichés ? Photographie et identification du Second Empire aux années 60
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/musee/musee-exposition-fiches-identification.html

vendredi 8 juillet 2011

Ultime case *

*dernières demeures


Balade dans ce lieu de mémoire qu'est le "Cimitero monumentale" de Milan. Créé en 1866 par l'architecte Carlo Maciachini, ce lieu de recueillement décoré par les familles milanaises pour honorer leurs défunts, est un véritable musée à ciel ouvert. 





Vue d'ensemble

Le promeneur est d’abord saisi par cette étendue à perte de vue ; les arbres et les statues de pierre se côtoient et forment une forêt aux étranges occupants ; les mausolées se dressent tels des pics rocheux au sein d'une jungle mortuaire.

La beauté du lieu s’impose, puis c'est sa démesure tant géographique qu'architecturale : "monumental" est bien le mot approprié et ce dans tous les sens du terme.

Les statues s'interpellent, se répondent, s'adressent des signes de la main. Elles veillent leurs stèles comme autant de gardiens muets de la mémoire individuelle ou collective. Certaines incarnent la dévotion de l'occupant des lieux ou celle de sa famille ; elles sont la promesse d'un au delà.

D'autres témoignent de la vie du défunt : ne pas oublier qui il était, ce qu'il a accompli, quelle était sa place dans sa communauté.

D'autres encore sont de véritables célébrations d'un amour qui se veut désormais érigé et magnifié pour l’éternité.

La tristesse voire la désespérance que certaines oeuvres dégagent est tout de suite adoucie, temporisée même par la présence d'une végétation abondante, olfactive et colorée.

Parfois  la vanité et l'orgueil se disputent avec la tristesse ; on ne parvient pas toujours à faire la différence entre l’apparence et le sentiment profond. Mais qu’importe la vérité, seule compte la dimension artistique.

Le visiteur se meut et s’émeut dans ce dédale de pierres tombales. L'ombre des grands arbres s'étend sur les sépultures et offre une fraîcheur bienvenue.


Impressions en 28 clichés.



© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud
© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud
© Anne Jourda-Dardaud
© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud
© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud
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Pour continuer la visite :  http://www.monumentale.net/

vendredi 17 juin 2011

Et là, tu lis quoi ?


Le généalogiste n'est pas toujours un paléographe émérite... loin s’en faut !
Il peut passer des heures à tenter de déchiffrer l'écriture pattedemouchetique d'un officier d'état civil qui, dans le meilleur des cas, forme ses « a » comme ses « e » et dans le pire, se contente de faire des taches d'encre qui laisseraient perplexe Rorschach lui-même !
Lorsque après des heures de recherches et de recoupements, on finit par trouver le registre paroissial qui, on en est persuadé, détient entre ses pages moisies la réponse à une quête parfois entamée plusieurs années auparavant… et qu'on tombe sur ça : 




… franchement à la première lecture, on se désespère. On a beau plisser les yeux, agrandir l'image, la contraster ou jouer sur la luminosité, rien n’y fait. Puis on aperçoit ça et là des mots qui rassurent tels que "mariage", "bénédiction" : il s'agit bien d'un acte de mariage. Petit à petit, l'œil s'habitue, prend possession de l'espace, apprivoise l'écriture, distingue les lettres des taches d'encre, les isole puis les identifie une par une. C'est un véritable puzzle : les lettres deviennent mots, les mots phrases, et progressivement le sens apparaît. L'acte révèle enfin son contenu.
On poursuit ses recherches, de registre en registre, d'acte en acte, on remonte le temps et on arrive à ça :



Le premier réflexe est de refermer le registre. C'est quoi cette écriture ? Le déchiffrage va être long ! Cependant, on ne peut s'empêcher de penser à ce curé qui a bien répertorié, les uns à la suite des autres, les baptêmes, les mariages et les sépultures de sa paroisse, témoin privilégié des instants clé de la vie d'une personne et de manière plus générale d'une commune. Je ne sais pas s'il a pu penser que son écriture nous parviendrait des siècles plus tard (en l’occurrence nous sommes en 1582), mais me voilà bien embêtée devant ces formes qui se veulent être des lettres, et ces assemblages qui se veulent être des mots. Le pire ce sont  les noms propres : comment être certain qu'il s'agisse de la bonne personne ?
D'abord la date. Très vite on comprend que le chiffre indiquant le jour est écrit en romain : on lit alors "19" ; par élimination, on déduit "juillet", même si la dernière lettre s'apparente plus à un "z" qu'à un "t" ; quant à l'année, on a l'indication grâce à la couverture du registre : 1582. Puis on se lance : "fut baptisé Johan François, fils de Guillom François et de Johanne Gilloz". Le reste est un peu plus aléatoire : on décrypte les mots "parrain" et "marraine" formules que l’on retrouve sur un acte de baptême ; les noms qui suivent sont en revanche sujets à de nombreuses interprétations...

Et encore, il y a pire...



Là c'est l'horreur, l’angoisse, le stress, on se dit que ce n'est ni du français, ni du latin, rien qui ne ressemble à un alphabet connu... et quand on ne parvient plus à deviner, on appelle à l'aide !

Comme tous les généalogistes n'ont pas la chance de pouvoir suivre le prestigieux cursus de l'école des Chartres, Internet vient à l’aide de ceux qui s’empêtrent dans des écritures venues d’une autre époque. De nombreux cercles de généalogie proposent des services de paléographie. Il existe également des forums où des généalogistes donnent leur avis sur ce qu'ils déchiffrent. Sur son site Internet, le Guide de généalogie donne une information très complète sur le sujet et des adresses vers qui se diriger.

Les tracés, les pleins et déliés, les taches d'encre ; impossible de ne pas visualiser la main et au-delà, la personne qui tient la plume ; son travail lui a survécu et nous parvient. On peut certes pester contre l'illisibilité des mots et des noms propres, mais quel témoignage ! Quand le passé prend la forme de lettres, de cursives...

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