Mémoire vive / Côté professionnel

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De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

vendredi 25 mai 2012

L'exposition internationale de 1937

Sept clichés, sept trésors découverts dans un album de photos de famille, témoignages visuels du rendez-vous de Paris avec le monde. Point de vue de simples visiteurs, munis de leur appareil photos et qui vont immortaliser ce moment . Soixante-quinze années plus tard, ces clichés nous parviennent.

L'exposition internationale s'est tenue à Paris de mai à novembre 1937.
Elle s'étendait sur plus de 100 hectares, où 52 pays étaient représentés à travers différents pavillons. Plus de 30 millions de visiteurs parmi lesquels nos photographes.



©Dardaud



©Dardaud


Où l'on voit le pavillon soviétique et le pavillon de l'Allemagne nazie se faire face.

©Dardaud


Le palais du Trocadéro a été détruit, le palais de Chaillot le remplace.

©Dardaud


Les pavillons des provinces.

©Dardaud



©Dardaud



©Dardaud

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Pour d'autres photos : 



jeudi 3 mai 2012

Dis moi ton prénom...

En écho à la sortie du film Le prénom, dans les salles depuis une semaine et dans la continuité de la question posée par le blog de MyHeritage , je me suis intéressée aux prénoms donnés aux personnes rencontrées dans ma forêt d'arbres généalogiques.

©Anne Dardaud


Les prénoms font la joie des généalogistes, surtout lorsque que l'on remonte assez loin et que les actes de baptême sont les seuls documents dont nous disposons pour nous assurer de l'identité de l'ancêtre recherché. On frôle parfois le nervous breakdown quand, entre l'acte de naissance (ou de baptême) l'acte de mariage et l'acte de décès, l'ordre des prénoms change (ce qui là est gérable), quand un prénom saute (là encore c'est un moindre mal) ou bien encore lorsqu'un ancêtre a décidé de se prénommer autrement ; la date de naissance permet de certifier l'identité, mais quand même : on aimerait bien lui dire deux mots ainsi qu'à l'officier d'état civil ou le curé qui s'est montré un peu léger sur ce coup-là.

Traditionnellement on donnait à l'enfant qui venait de naître le prénom de son père ou de sa mère, ou encore de son parrain ou de sa marraine, ou enfin d'un parent aimé dont on chérissait le souvenir. On trouve ainsi des générations de Joseph, de Pierre et de Charles, dont la position dans l'ordre des prénoms varie en fonction de leur degré de parenté. Coté femme, Marie, quelle que soit sa position, détient le record du prénom le plus donné : rien que dans ma branche : Prune Marie, Isabelle Marie, Mireille, Marie-Claude, Anne-Marie, Marie, Marie Louise. On parle de tradition : la mère donne la vie, le père le nom, mais qui donne le prénom ?

Parfois, le hasard fait bien les choses et inscrit le nouveau né dans une longue lignée : ainsi, mon fils que nous avons prénommé Léonard par goût propre, (tout lui accolant les prénoms de deux de ses arrières-grands parents : Paul et Alfred), et ce bien avant de débuter des recherches généalogiques, s'est avéré être le descendant en ligne directe de trois Léonard et de deux Léonarde, vivant dans la région de Limoges au XVIIIe et XIXe siècles. Voila qui plaçait mes débuts en généalogie sous les meilleurs auspices.

©Groot et Turk

A plusieurs reprises, j'ai rencontré des personnes qui avaient donné à leur enfant le prénom d'un frère ou une soeur défunt : ainsi Germaine est venue combler l'absence de la soeur jumelle de sa mère, disparue quelques jours après sa naissance ; même chose pour Gabriel, premier né de Paul-Henri, qui le nomme ainsi en mémoire de son frère aîné disparu très tôt.  Il y a aussi Pierre, cinquième d'une fratrie, et baptisé ainsi en remplacement d'un frère mort également en bas âge. Enfant de remplacement, prénom de remplacement à des époques où les naissances étaient nombreuses et la mortalité infantile élevée. On ne transmet pas que le prénom, mais également une partie de l'histoire de la personne qui le portait. Parfois lorsque cette histoire est particulièrement dramatique, cet héritage constitue un véritable fardeau pour la personne ainsi prénommée.


©Anne Dardaud

Il y a aussi les ancêtres facétieux : j'en connais un qui avait reçu lors de sa naissance les prénoms de Joseph Pierre, et qui à son tour a appelé son fils Pierre Joseph, tout en se faisant appeler lui même Auguste. Il a fallu du  temps pour comprendre de qui il était question dans les courriers et papiers retrouvés. Idem pour ces femmes baptisées Marie et que l'on retrouve sous d'autres sobriquets : ainsi Marie Louise enterrée sous le nom d'Elise... Mais elle n'est pas la seule : François sous le nom de Michel, Pierre sous le nom de Léon... de quoi mettre une belle pagaille dans les pierres tombales ! Quant à Juliette Flore, on n'a jamais su comment elle s'était faite réellement appelée tout au long de sa vie, les actes d'état civil n'ont jamais établi un ordre certain. Dans ces changements de prénoms, on sent toute la volonté de la personne de se différencier soit de son père, soit de ses frères et soeurs : on ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas son nom de famille, mais il demeure un espace de liberté relative qu'est le prénom, soit en préférant son deuxième ou troisième prénom, soit en se rebaptisant d'un nom qui convient davantage à ses goûts. On s'affranchit du choix de ses parents. Mais c'est un véritable casse-tête pour le généalogiste qui n'a pas toujours les moyens de faire la connexion entre le prénom inscrit à l'état civil et celui que s'est attribué l'ancêtre récalcitrant.

Il y a ceux qui font preuve d'originalité, voire de modernité, en donnant à leur enfant des prénoms peu communs. J'ai rencontré Palmyre, Euphrasie, Euphémie, Danton, Scholastique, Euger, Axidonie, Omerine, qui venaient égayer les litanies de Pierre, Marie, Jean, Louise, Catherine etc. Quelle histoire a présidé le choix d'une telle originalité ? On pourrait penser de prime abord à une tradition familiale ou une particularité régionale ; or ce n'est que rarement le cas : ils sont uniques et jamais repris par le reste des descendants. Ce sont des pépites que le généalogiste est heureux de trouver, au même titre qu'une profession qui sort de l'ordinaire. Ces originalités mettent en lumière certaines branches de l'arbre généalogique, attirent l'attention sur certains ancêtres et contribuent à leur mémoire.

©Anne Dardaud

Enfin, il y a ceux qui par leur prénom apportent leur histoire et l'histoire de leur pays d'origine, en contribuant ainsi à un formidable brassage des cultures : les arbres qui sont enracinés dans des régions françaises depuis de nombreuses générations, voient apparaître dans leurs branches, au gré des époques, des guerres, des vagues migratoires, des bouleversements économiques et historiques, des prénoms aux consonances nouvelles : Esteban, Eugenio, Mersedeh, Antonio, Leila, Everard, Giuseppe, Driss, John... Les terres se mélangent, les nouvelles branches apportent de nouvelles pousses, fortes de la diversité de leurs origines.






mardi 20 mars 2012

La Poste aux lettres


Je ne connaissais pas ce terme ; je l'ai découvert dans l'acte de décès de l'un de mes ancêtres qui jusqu'au 25 germinal an XII, date de sa mort, était directeur de la poste aux lettres.





Très honnêtement, je crois que je ne me suis jamais préoccupée de savoir comment était acheminée la correspondance de nos ancêtres. Il est vrai que la plupart des miens étaient des paysans qui n'avaient jamais pu avoir accès aux rudiments de la lecture et de l'écriture. Dans le meilleur des cas, ils n'étaient en mesure que de signer leur nom. D’ailleurs, les actes d'état civil mentionnent leur analphabétisme par cette phrase : "qui ont dit ne savoir signer".




Pour ceux qui savent mais qui ont un usage peu fréquent de leur signature, on ressent toute la solennité et l'application dans l'apposition du nom au bas de l'acte ; personnellement je trouve toujours cela émouvant, l'ancêtre en question se matérialise par cette signature, il prend corps : on imagine la main tenant la plume et traçant ces lettres. L'identification est d'autant plus forte si le nom est identique au nôtre.



Il n'y a donc rien d'étonnant que la poste aux lettres trouve son origine parmi "les lettrés", regroupés en communautés qui avaient besoin de communiquer entre elles, et dont les membres alors, éloignés de leur famille, devaient pouvoir donner des nouvelles et en recevoir. Ces universités, ces monastères, ces marchands utilisaient des messagers privés qui contre rémunération, se chargeaient d'acheminer les nouvelles.

Louis XI, au début de son règne, comprenant l'importance de la circulation de l'information et surtout de son contrôle, instaura son propre système de messagers royaux. Dès 1464, il mit en place un dispositif de relais de chevaux, tenus à la disposition exclusive des courriers royaux, et installés le long des routes de communication. La poste aux chevaux était née.




Les relais étaient distants de quatre puis de sept lieues - soit 28 km- (distance qui inspira par la suite Charles Perrault et les fameuses bottes du même nom). Le courrier changeait alors de monture et poursuivait ainsi sa route jusqu'à destination. Ces cavaliers n'avaient cependant en charge que la correspondance royale. A partir de 1507, les tenanciers des relais ont été autorisés à louer les chevaux à des particuliers.

Face à l'extension des messageries privées de plus en plus rentables, le roi Henri IV, à la fin du XVIe siècle, décida de réglementer la poste aux lettres ; à partir de 1603, les courriers du roi ont l'autorisation de se charger de la correspondance personnelle. C'est la création de la poste aux lettres, dont rapidement l'organisation et le contrôle vont être placés sous l'autorité d'un contrôleur général qui aura aussi la charge de la poste aux chevaux. 

A l'époque de mon aïeul, la poste aux lettres est devenue une administration dirigée par un surintendant général et qui comprend des directeurs et des courriers. Le travail des directeurs consistait à encaisser le prix de la lettre lorsqu'elle était remise à son destinataire.

Les courriers, quant à eux, acheminaient les lettres à cheval, utilisant les relais de poste afin de changer de monture. Ils étaient accompagnés d'un postillon qui les guidait et ramenait les chevaux à vide à leur relais d'origine.



De nos jours, l'acheminement du courrier est en train d'être repensé par la Poste, la correspondance privée étant une chose qui a tendance à se raréfier du fait de la dématérialisation des supports, et des nouveaux modes de communication : l'écrit à la vitesse de l'oral.  On échange, on parle, on tchate, on tweet en 140 signes, mais on n'écrit plus beaucoup de lettres ; la rapidité et l'instantanéité sont de mise. Certains y voient là une des raisons au sentiment d'accélération du temps. Personnellement, j'y vois quelque chose de pratique, d'usage facile, permettant de toucher un grand nombre de personnes, d'établir des liens beaucoup moins formels. Ce qui n'est pas incompatible avec le fait d'aimer les beaux papiers, les beaux stylos plume, même s'il est vrai que je ne m'en sers plus guère pour correspondre.

Mais je m’interroge. La correspondance privée des personnes demeure une source privilégiée pour qui s'intéresse à l'histoire des familles et des personnes. C'est un mélange d'intime et de public, de témoignage privé et d'instantané de moments historiques.

Les paroles s'envolent, les écrits demeurent et le papier, bien que fragile, reste le support qui ne nécessite que nos yeux comme moyen de lecture.  Alors que laisserons nous comme matériel généalogique à nos descendants ? Des disques durs avec des mails qui pour l'immense majorité n'auront pas été imprimés ? Et encore, la durée de vie de ces supports technologiques n'est que de quelques années et ils deviennent rapidement obsolètes. Désormais, il est difficile de trouver des lecteurs de disquettes 3,5 pouces, et quant aux disquettes souples des années 90...



Comme pour les photos, les supports papier seront de plus en plus rares, et seront utilisés avec parcimonie. Quelles traces, quels témoignages de nos vies sociales, familiales et amicales subsisteront ? Peut-être, alors, les réseaux sociaux prendront la place de la correspondance d’antan, et offriront à nos descendants qui y retrouveront notre profil un condensé de nos relations, de nos goûts, de nos réflexions… mais encore faudra-t-il être en mesure de les lire.