Mémoire vive / Côté professionnel

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De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

vendredi 3 juin 2016

C comme Casse-tête

Le casse-tête généalogique nous fait douter de nos propres capacités de recherches et de compréhension. Et puis parfois, comme tout casse-tête la solution jaillit sous nos yeux.
Dans ce billet, je relate la situation à laquelle je me suis confrontée il y a quelques mois, alors que je faisais des recherches dans les registres de l'ile de la Réunion.

Retour en deux temps (la suite demain) sur cette expérience.

Le casse-tête commence quand un acte ou plus exactement trois actes aux données contradictoires, finissent par me faire hésiter sur l'identité de la personne que je recherche.

Tout part d'un acte de mariage célébré en 1822 sur l’île de la Réunion. Etienne épouse Françoise. Jusque là ça va : l'acte indique que le marié est âgé de 35 ans, qu'il est né à Beaune en Côte d'or, qu'il est le fils d'Hilaire et de Antoinette. Parfait :  lieu de naissance localisé, parents identifiés,on peut progresser.



Le deuxième acte en ma possession est l'acte de décès d’Étienne, survenu en 1868, toujours sur l'île de la Réunion. L'acte mentionne l'age du défunt : 79 ans. Soit il vient d'avoir 79 ans et par conséquent il est né en 1789, soit il les a eu et allait sur ses 80 ans, et par conséquent il serait né en 1788. Or sur l'acte de mariage qui est célébré à la fin du mois de décembre, il est dit qu’Étienne est âgé de 35 ans : ce qui le fait naître au mieux en 1787 ou bien il va avoir 36 ans dans les 5 jours qui restent de l'année et dans ce cas il est né en 1786.

Donc 4 années possibles pour retrouver l'acte de baptême : 1786, 1787, 1788, 1789. Jusque là, rien d'exceptionnel.

Mais ce n'est pas tout : Étienne est le le fils d'Hilaire et Antoinette  ; sur l'acte de mariage et sur l'acte de décès la filiation est identique. En revanche si sur l'acte de mariage il est marié à Françoise, sur l'acte de décès son épouse se nomme Clémentine. Là encore rien de grave, on peut supposer qu'elle se faisait appeler Clémentine et que l'officier d'état civil n'a pas été trop regardant sur le prénom.

On va donc se lancer à la recherche de l'acte de naissance d’Étienne. Direction les archives de la Côte d'or et examen des registres paroissiaux. Nous allons donc partir de 1786 et là c'est l'état du registre qui me donne des vapeurs .

Je sens que ça va être long, très long ! Tous les actes ne sont pas dans le même état heureusement, mais Beaune compte beaucoup de paroisse et l'examen de tous les registres va parfois tourner au décryptage...
Mais bon, je ne lâche pas l'affaire et je m'arme de patience.

Pendant une pause (avec deux aspirines et un café), je regarde sur différents sites Internet pour lesquels j'ai un abonnement si je ne pourrai pas trouver un début de piste, un indice à vérifier. Et là, la chance me sourit ; je retrouve Étienne, fils d'Hilaire et Antoinette,  marié avec Françoise en 1822 à la Réunion. Mais sous deux profils, j'ai deux dates et deux lieux de naissance.
La première piste indique : né le 30 novembre 1786 à Beaune : j'ai beau avoir examiné avec une grande attention la purée de mouches, je n'ai rien trouvé.

La deuxième piste m'envoie dans un village de Cote d'Or, relativement éloigné de Beaune où il semblerait que la famille d’Étienne soit ancrée depuis plusieurs générations. Et la comme indiqué sur l'arbre proposé, je retrouve l'acte de baptême à la bonne date. Mais problème : le prénom n'est plus le même !  Étienne devient Claude. Le père est bien Hilaire, mais la mère tout en se prénommant Antoinette n'a pas le même nom de famille. Je ne doute en aucun de la bonne foi de la personne qui a mis ces données en ligne et je la remercie de les partager. Elle a peut-être raison, mais personnellement, cela me pose un vrai problème de cohérence.  Me voila avec trois actes, deux filiations différentes, deux prénoms qui n'ont rien à voir, deux lieux éloignés, trois années de naissance possible, deux prénoms pour une même épouse.

L'examen des registres n'a rien donné : aucune trace d’Étienne à Beaune. J'ai contacté par mail les personnes qui avaient mis en ligne leurs infos. Une seule réponse à ce jour où on m'indique avoir repris les infos trouvés sur le même site... ce dont je me doutais quelque peu.

Alors me voilà un peu désemparée : je ne sais pas qui croire et surtout sur la base de quel document.
Il me manque une pièce du puzzle qui me permettrait d'établir le lien entre Claude et Etienne, et surtout avoir une explication quant au nom de sa mère.

jeudi 2 juin 2016

B comme le Baptême de Léonarde

Elle se nomme Léonarde Bilbaut. Elle apparaît pour la première fois dans mon arbre généalogique en tant que mère de Louis Gauthé et épouse de Pierre. Mais c'est en cherchant plus avant dans les actes pour en savoir d'avantage sur Louis, que j'ai découvert que toute l'histoire de ce couple et de cette famille avait commencé par un baptème, où Léonarde était marraine. Voici le récit de cette découverte.

C'est en cherchant l'acte de mariage d'un couple de mes ancêtres, dans le registre paroissial de Mingot, commune de Chatillon-en-Bazois, dans la Nièvre, que je suis tombée sur cet acte de baptême qui allait me fournir un grand nombre de précisions sur le couple en question.

Mon point de départ est un acte de mariage, célébré à Saint-Saulge, toujours dans la Nièvre entre Louis Gauthé et Anne Thirault le 26 janvier 1814. Dans cet acte, il est fait mention de la date de naissance de Louis, le 26 novembre 1785, ainsi que de sa filiation. Il est le fils de Pierre Gauthé présent et de feue Léonarde Bylbaut. 

Il est également fait mention du remariage de son père en 1787. Il semblerait donc que Léonarde soit décédée peu de mois après la naissance de son fils.

Je vais donc voir ce qu'il y a dans l'acte de naissance de Louis, dans le registre paroissial de Mingot.


 " Ce vingt huit novembre mil sept cent quatre vingt cinq a été suppléer les cérémonies de baptême à Louis né d'hier, ondoyé à la maison, fils légitime de Pierre Gauthé, manoeuvre et de Léonarde Bylbeau [...]le parrain a été Louis Gauthé, la marraine Françoise Bylbeau, tante maternelle, lesquels ont déclaré ne savoir signer [...]"

Si l'enfant a été ondoyé à la maison, c'est qu'on a certainement craint pour sa vie ; l'accouchement a du être difficile, c'est du moins ce que je pressens, ce sentiment étant renforcé par le fait que le père s'est remarié moins de deux années plus tard. Et effectivement, en tournant machinalement la page du registre, mes craintes sont confirmées.



"Le vingt sept décembre de l'an mil sept cent quatre vingt cinq a été inhumée Léonarde Bylbeau, épouse de Pierre Gauthé, agée de 33 ans environ, en présence de Pierre Gauthé son époux et de François beau-frère, et de François Moutau et de Jean Perault lesquels ont déclaré ne savoir signer sauf le soussigné Pierre Gauthé."

Un mois après la naissance de son fils, Léonarde Bylbeau décède. Elle était âgée d'environ trente-trois ans. En revanche, il n'est pas fait mention de sa filiation. J'ai besoin de retrouver l'acte de mariage. Avec un peu de chance, Pierre et Léonarde se seront mariés dans cette paroisse. Le registre que je consulte commence en 1777, soit huit années plus tôt. Vu l'âge de la disparue, il est probable que le couple n'était pas jeune marié : d'autres enfants ont pu naitre durant ces huit années, je les rencontrerai peut-être en chemin. Si je ne trouve rien, je remonterai plus loin dans le temps.

Je commence donc l'examen de ce registre par le début.

Au fur et à mesure de ma lecture je vois se confirmer la présence de la famille Bylbeau, dont l'orthographe du nom varie : Billebaut, Bilbault... mais aucune présence de Gauthé sur cette paroisse.

Et puis, je tombe sur l'acte de baptême d'une enfant nommée Léonarde Bilbault : l'homonymie parfaite attire mon attention et je procède à la lecture de l'acte.


"Le vingt cinq décembre de l'an 1783 a été baptisée par nous licencié en droits canonique et civil, et Curé de Mingot et prieur, Léonarde Bilbault, fille de Lazard Bilbault rentier (?) à Bernyères, hameau dépendant de la paroisse de Mingot et de Jeanne Lécuyer, ont été P et M Pierre Gauthé et Léonarde Bilbault qui ne signent."

Pierre et Léonarde sont les parrain et marraine de cette enfant. Mais sont ils déjà mariés ? Et s' ils avaient fait connaissance à l'occasion de ce baptême ? Je poursuis la lecture de ce registre et début 1785 je trouve enfin cet acte de mariage.



"Après avoir obligées toutes les formalités prescrites par les lois de légalité et de l'Etat, nous soussigné licencié des droits canonique et civils et curé de Mingot et prieur, avons donné la bénédiction nuptiale ce lundi 31 janvier 1785 à Pierre Gauthé fils mineur de François Gauthé et de défunte Léonarde Pele d'une part et à Léonarde Bilbault, fille majeure de furent Jean Bilbault et Jeanne Pouillot ; le mariage a été célébré en présence de François Gauthé et Lazard Bilbault, de François Robin, de Jean Guérin et de Jean Bilbault qui ne signent."

Et voilà, ils étaient jeunes mariés, et Pierre n'avait pas 25 ans, âge de la majorité sous l'ancien régime.

J'ai été assez émue de voir qu'en l'espace de deux années, un homme et une femme voient leurs noms associés sur un registre d'abord comme parrain et marraine, puis comme mari et femme, puis encore  comme père et mère et enfin comme veuf et décédée. Une vie en accéléré...

D'un point de vue des recherches, je confirme tout ce qui a été dit sur le sujet à travers les billets des généalogistes blogueurs : ne pas hésiter à tourner les pages des registres, lire les actes à haute voix, ne pas s'arrêter à l'orthographe d'un nom, remonter année après année, aller chercher des infos dans d'autres actes où les noms apparaissent. Autrement dit, être à l'affût du moindre indice, du moindre bruissement de parchemin.

mercredi 1 juin 2016

A comme Antoine

©famille Valéry

Voici Antoine et son épouse Maria. Ce sont mes arrière-grands-parents, grands-parents paternels de ma mère. Antoine et Maria se sont mariés le 8 octobre 1897 à Sainte-Féréole, en Corrèze. Antoine est le fils de Jean et de Marie. Il est né à Saint-Germain-les-Vergnes le 13 janvier 1872, où il est cultivateur avec ses parents. Maria est la fille de Pierre et de Marie. Elle est née le 2 mars 1877 à Sainte-Féréole.

J'aime beaucoup cette photo, témoignage rare de cette partie de mon arbre généalogique, où il y a peu d'images et peu de papier. D'un seul coup ces ancêtres qui n'étaient que des noms, ont pris chair grâce à cette photo. Je vois dans le visage de Maria les traits de mon grand-père. J'aime la simplicité de leurs vêtements, cette robe de mariée, ce long voile et cette couronne de fleurs.

Ils sont jeunes, Maria a tout juste 20 ans. Ensemble ils vont avoir huit enfants, dont deux fois des jumeaux. La famille installée à Saint-Germain-les-Vergnes, vit dans une maison composée d'une cuisine et d'une seule chambre, meublée de quatre lits.
Entre 1920 et 1925 la famille quitte la Corrèze pour la Dordogne voisine et déménage pour une ferme plus grande, sur la commune de La-Chapelle-Aubareil. Un peu plus d'espace pour cette famille nombreuse qui va prospérer, s'épanouir et s'agrandir.

©famille Valéry
Antoine et Maria à la fin de leur vie. Autre cliché, le temps a passé, la vie aussi et a laissé des sillons sur les visages des calosités sur les mains. Derrière ces visages vieillis, on reconnait les traits de ces jeunes mariés. Mais la timidité et l'hésitation qui se dégageaient du premier portrait a laissé place à un très fort sentiment d'accomplissement.