Mémoire vive / Côté professionnel

Mémoire vive / Côté professionnel
De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

lundi 17 octobre 2011

Ne bougeons plus !

Avant la démocratisation de la photographie par la simplification de ses appareils, il était d'usage, au moins une fois dans la vie d'une famille, d'aller chez le photographe poser pour la postérité.

Que nous disent ces photos, retrouvées chez nos ancêtres, où l'on n'identifie pas toujours qui est qui ? Elles nous parlent d'un temps que les moins de 20 ans et voire même de 60-70 ans ne peuvent pas connaître ! Un temps où l'image est précieuse, la photo un objet rare qui s'encadre, s'affiche, s'offre, se conserve et puis parviendra jusqu'à nous.

Par exemple, cette photo prise chez un photographe parisien aux alentours de 1860, mettant en place trois générations ; la vieille dame assise en bas de la photo à droite est née avant la Révolution française...



Photos prises certainement le même jour ; la grand-mère de ma grand-mère et son père.


On peut véritablement parler de décor ; une rambarde, un rideau retombant lourdement tel un rideau de théâtre, une chaise en arrière-plan, joliment travaillée. L'homme est digne, costume, cravate, chapeau haut-de-forme, montre à gousset, canne dans la main. Portrait en pied d'un homme de biens sous le Second Empire.




Grand classique, la jeune maman et son nouveau-né ; en l’occurrence, mon arrière-grand-mère et ma grand-mère. Nous sommes au début du siècle dernier, c'est la première née dans cette famille ; le père, voyageant beaucoup pour son travail, a bien du mal à laisser sa jeune épouse et sa petite fille ; ce cliché lui est destiné : il l'emportera dans ses déplacements, dans une poche intérieure de sa veste, sur son coeur...

Les photos d'enfants

Charmants minois, douces expressions, pieds et bras dénudés : l'image idéale du bébé potelé que l'on a envie de tenir dans ses bras, d'embrasser. La pose est simple : le bébé se tient assis, version minimaliste sur une chaise, ou version plus artistique sur un tapis de fourrure.


Attitudes plus sérieuses pour ces jeunes enfants bien mis dans leurs beaux vêtements ; images figées d'enfants sages, vision idéalisée pour des parents que l'on devine en miroir, aux côtés du photographe. On pourrait même entendre les ultimes recommandations du père ou de la mère et l’on imagine les tractations pour qu'ils tiennent en place. C'est long un temps de pose...



Les fratries

Regroupés de l'aîné au plus jeune, les enfants sont immortalisés à la demande des parents, figés pour l’éternité dans une période donnée ; plus tard, la vie en séparera certains qui ne se retrouveront que peu de temps avant de mourir ; d'autres au contraire ne se quitteront jamais... On cherche, on scrute la ressemblance, l'air de famille. On habille les aîné(e)s de la même manière, on leur demande de se rapprocher les uns des autres, de se donner la main, de faire corps.








Les communiants










Moment fort dans la vie d'un jeune enfant catholique : la communion solennelle qui nécessite un passage par le photographe. Poses recueillies, inspirées même pour certains, le missel à la main, le bras reposant sur le prie-Dieu, le chapelet autour du poignet : image pieuse par excellence. L’étape suivante sera la photo de mariage, mais là, pas de studio, c’est le photographe qui se déplace à l’église.

Les jeunes filles



Ce sont des photos pleines de promesses ; les corps se sont étirés, les traits se sont affirmés ; souriante ou pensive, chacune de ces demoiselles ne regarde pas l’objectif, mais l’avenir !

Les jeunes hommes en militaire

Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont forts ! Ils incarnent la fierté d’une nation pour qui ils sont prêts à donner leur sang ; l’attitude est vaillante, emprunte de romantisme guerrier. Ces photos témoignent d’une transition dans leur vie : ils deviennent des hommes ! L’insouciance de leurs jeunes années est désormais bien loin derrière eux ; ils vont apprendre le maniement des armes, et pour certains d’entre eux, le commandement des hommes. Et puis il y aura la guerre…




Les familles



C’est une photo que l’on imagine aisément encadrée dans le salon de la maison ; l’air sérieux de cette famille donne cette impression de gravité qui sied aux personnes conscientes de leur rang social et de l’importance du moment qu’ils sont en train de vivre. Ils posent pour la postérité ; l’histoire leur donnera raison, car la photo est parvenue jusqu’à nous.


Une mère et ses trois enfants qui posent chez le photographe. Le père est absent, il est prisonnier en Allemagne… Ce cliché est pris pour lui et sera glissé dans le prochain colis qui partira, au milieu du tabac, des gants, des écharpes et des biscuits de soldat. La mère et les enfants font bonne figure ; ils sont bien habillés pour l’occasion, coiffés avec soin, maquillés.
La mère et les deux garçons regardent dans une direction ; une esquisse de sourire aux lèvres. Seule la petite fille regarde l’objectif. Tous soudés autour de la mère, offrant au père captif une photo de réconfort, lui montrant que, malgré son absence, ils feront face et que, par-dessus tout, ils attendent son retour.



Les vieillards





Véritables portraits d’ancêtres vivants. Ces photos resteront dans les familles, rangées ou exposées, portraits officiels d’une génération qui a vécu, pour certains, loin des objectifs des appareils photo. Témoins directs d’une époque où l’image n’est pas encore omniprésente, ils sont en prise directe avec le passé, la preuve par l’image qu’il y a bien eu une vie avant nous.

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En résonance : l'excellent livre de Anne-Marie Garat "Photos de famille"



mardi 27 septembre 2011

Papiers de famille

Cornés, jaunis par le temps, retrouvés dans un tiroir, conservés dans une boîte au fond d'un grenier, les papiers de famille en disent long aussi bien sur leur époque que sur les personnes à qui ils ont appartenu.

Papiers administratifs, parfois illustrés de photos, parfois signés de la main de leur propriétaire, ils touchent au quotidien, marquent leur appartenance à une société donnée, à une période donnée.



Si on mélange les papiers officiels avec les papiers administratifs et les papiers intimes (faire-part, correspondance, carnets d'adresses…), on peut reconstituer la vie d'une personne, la "géolocaliser" à différents moments de sa vie, connaître ses relations familiales et amicales, ses goûts, ses intérêts...





Voilà ce qui annonce la naissance, avant de rejoindre la case prévue à cet effet dans le livret de famille de ses parents qui leur a été remis au moment de leur mariage.
Puis les lettres de félicitations pour les parents, les témoignages d'amitié et de réjouissance qui accompagnent la venue au monde d'un enfant dans un foyer uni et heureux.



Et puis la vie s'écoule, les enfants grandissent… et, selon les époques, vont à l'école.






Correspondance, dessins et souvenirs en tous genres se retrouvent chez une jeunesse privilégiée qui reçoit une bonne éducation, qui voyage et mène une vie agréable en attendant de rencontrer ˗ ou qu'on lui présente ˗ celui ou celle avec qui il faudra fonder une famille.


À d'autres époques, on trouve des cartes d'étudiant, des cartes de transport, des diplômes... 


Il y a aussi la convocation au service militaire et, en temps de guerre, l’ordre de mobilisation.
Les papiers officiels accompagnant la remise de médaille pour certains d'entre eux.





Carte postale du front à une autre époque : les visuels n'ont pas encore envahi leur quotidien ; peu d'images au début du conflit. Voici le recto-verso d'une carte postale envoyée par un père aimant à ses enfants.




Les livrets militaires sont des sources de renseignement précieux, allant même jusqu'à donner une description physique de son détenteur, ce qui permet de mieux imaginer la personne.




Plus gai, les mariages ! Faire-part, invitations, publications, félicitations, menus… le tout conservé comme souvenirs dans de beaux albums photo !







Moins gai, les faire-part de décès ; mais un vrai trésor pour les généalogistes qui peuvent ainsi tisser les liens familiaux…



À l'heure de la dématérialisation des papiers administratifs, maintenant que les e-mails et les SMS tiennent lieu de correspondance entre personnes, que les photos ne sortent plus des cartes mémoire et des ordinateurs, et que bientôt les livres auront disparu, que léguerons-nous à nos descendants ? Une bibliothèque photo virtuelle ? Un disque dur ou une clé USB comportant le résumé de notre vie en numérique… ? Nous tiendrons alors à distance les émotions que suscitent la lecture d'une signature faite à l'encre, un dessin réalisé par une grand-mère lorsqu'elle était enfant, l'odeur du papier vieilli… Ne resteront que des données brutes, sans illustration, froides, ne laissant aucune place à l'imagination, à l'interprétation, à tout ce qui fait le charme des souvenirs de famille.


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A partir du 28 septembre : Exposition aux archives nationales

"Fichés ? Photographie et indentification du Second Empire aux années soixante"

Fichés ? Photographie et identification du Second Empire aux années 60
http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/musee/musee-exposition-fiches-identification.html

vendredi 8 juillet 2011

Ultime case *

*dernières demeures


Balade dans ce lieu de mémoire qu'est le "Cimitero monumentale" de Milan. Créé en 1866 par l'architecte Carlo Maciachini, ce lieu de recueillement décoré par les familles milanaises pour honorer leurs défunts, est un véritable musée à ciel ouvert. 





Vue d'ensemble

Le promeneur est d’abord saisi par cette étendue à perte de vue ; les arbres et les statues de pierre se côtoient et forment une forêt aux étranges occupants ; les mausolées se dressent tels des pics rocheux au sein d'une jungle mortuaire.

La beauté du lieu s’impose, puis c'est sa démesure tant géographique qu'architecturale : "monumental" est bien le mot approprié et ce dans tous les sens du terme.

Les statues s'interpellent, se répondent, s'adressent des signes de la main. Elles veillent leurs stèles comme autant de gardiens muets de la mémoire individuelle ou collective. Certaines incarnent la dévotion de l'occupant des lieux ou celle de sa famille ; elles sont la promesse d'un au delà.

D'autres témoignent de la vie du défunt : ne pas oublier qui il était, ce qu'il a accompli, quelle était sa place dans sa communauté.

D'autres encore sont de véritables célébrations d'un amour qui se veut désormais érigé et magnifié pour l’éternité.

La tristesse voire la désespérance que certaines oeuvres dégagent est tout de suite adoucie, temporisée même par la présence d'une végétation abondante, olfactive et colorée.

Parfois  la vanité et l'orgueil se disputent avec la tristesse ; on ne parvient pas toujours à faire la différence entre l’apparence et le sentiment profond. Mais qu’importe la vérité, seule compte la dimension artistique.

Le visiteur se meut et s’émeut dans ce dédale de pierres tombales. L'ombre des grands arbres s'étend sur les sépultures et offre une fraîcheur bienvenue.


Impressions en 28 clichés.



© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud
© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud
© Anne Jourda-Dardaud
© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud


© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud
© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud

© Anne Jourda-Dardaud
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Pour continuer la visite :  http://www.monumentale.net/