Mémoire vive / Côté professionnel

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De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

mercredi 9 mars 2011

Un lauragais au Mexique

Rencontre cette fois-ci avec un homme, originaire du Lauragais, région située entre l'Aude et la Haute-Garonne, au sud de Toulouse, laboureur de son état, ne sachant ni lire ni écrire, et qui par les hasards de la conscription s'est retrouvé membre de l'expédition menée par Napoléon III au Mexique.
Épisode de l'histoire souvent ignoré mais qui connaît ces dernières semaines une résonance toute particulière au regard de l'actualité des relations franco-mexicaines.







Un peu d'histoire...

En 1861, Napoléon III, prétextant la suspension par le Mexique du remboursement de la dette extérieure du pays, décide avec l’aide de l’Angleterre et de l’Espagne d’organiser une expédition punitive. Officiellement, il s’agit de contraindre le gouvernement mexicain à tenir ses engagements, mais officieusement Napoléon III souhaite renverser ce régime, instable depuis l’obtention de son indépendance quarante années plus tôt.


Napoléon III
Benito Juàrez
Edouard Manet
L'exécution de l'empereur Maximilien à Querétaro


Le Mexique a alors à sa tête Benito Juárez, président élu en 1858. À peine entré en fonction, il doit faire face à une rébellion des généraux conservateurs qui va plonger le pays dans un nouvel épisode de guerre civile. Juárez en sortira vainqueur mais très fragilisé : le pays est exsangue. Les caisses sont vides, les traites ne peuvent par conséquent pas être honorées.

Dans l’esprit de Napoléon III germe peu à peu l’idée de renverser Juárez et de restaurer un empire Mexicain avec à sa tête un empereur européen, catholique et si possible apparenté à la puissante famille des Habsbourg, fournisseur officiel de têtes couronnées. Le choix de Napoléon III se porte sur Maximilien, frère de l’empereur d’Autriche François-Joseph, alors libre de toute responsabilité politique : il vient de décliner le titre de roi de Grèce. L'entreprise s'annonce sous les meilleurs auspices ; l'Angleterre et l'Espagne se joignent à l'expédition, les États-Unis, alors en pleine guerre de Sécession, ne pourront intervenir et apporter de l'aide au gouvernement Juárez.

Dans un premier temps, les efforts des Européens portent leurs fruits ; l'avancée est rapide, mais très vite les Anglais et les Espagnols vont se désolidariser des Français et se retirer.  Malgré la défection de leurs alliés, les Français vont marcher jusqu'à Mexico et, en juillet 1863, le gouvernement est renversé ; les notables de la ville proposent la couronne impériale à Maximilien qui, non pressé de répondre, n'acceptera qu'en 1864, laissant les forces françaises le soin de tenir les positions acquises et faire régner un semblant d'ordre.

Mais à chaque fois qu'une ville est prise, les habitants pro Juárez ˗ ne pouvant pas tous être emprisonnés ˗ sont relâchés et vont grossir les rangs de la guérilla. Bientôt les Français vont avoir affaire à une résistance de plus en plus organisée et déterminée. En 1865, les Mexicains obtiennent le renfort d'anciens combattants de la guerre de Sécession qui vient de prendre fin.

Les évènements prennent alors un tour défavorable pour les forces françaises ; en outre, la situation en Europe devient de plus en plus préoccupante : les Autrichiens sont défaits à Sadowa, en 1866, et l'empire français se retrouve seul face aux ambitions hégémoniques de Bismarck. Ne pouvant mener deux guerres à la fois à des milliers de kilomètres de distance, Napoléon III décide de retirer ses troupes et le dernier navire français quitte le Mexique en février 1867. L'empereur Maximilien pensait pouvoir maintenir en l'état son pouvoir, sans aide française ; il refuse d'abdiquer, quitte Mexico pour Querétaro où il est rapidement cerné par les troupes juaristes. Il est alors fait prisonnier, condamné à mort et exécuté le 19 juin 1867.


Quant à Guillaume, le laboureur du Lauragais devenu grenadier au Mexique, il a fait partie de la première vague de soldats de l'expédition, en arrivant sur le sol mexicain en août 1862. Il y demeurera jusqu'en janvier 1864, puis rentrera chez lui. Il se mariera, reprendra une vie normale, et quelques années plus tard, son fils aîné, Paul, sera à son tour appelé par les hasards de la conscription et incorporera un régiment d'artillerie de marine qui rejoindra l'expédition au Tonkin, à la fin des années 1880. Mais ça, c'est une autre histoire...

Les articles de Wikipédia retraçant le "guêpier mexicain" ainsi que la biographie de Maximilien sont bien documentés et de lecture très agréable.

Et puis, parce qu’il s’agit de Gary Cooper et Burt Lancaster, impossible de ne pas faire référence à "Vera Cruz", super western qui se déroule au moment des faits, de même que l'action de "Sierra Torride", dans un autre genre, avec Clint Eastwood et Shirley McLaine. Ou comment appréhender cet épisode de l'histoire par le prisme de Hollywood. Pas désagréable non plus.














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