Parfois la solution se trouve sous nos yeux et on ne la voit pas. Plus exactement, on ne regarde pas où il faut.
Comme je l'expliquais dans mon dernier post, j'étais en attente de réponse à un message envoyé à une personne qui affirmait sur la page de son arbre mis en ligne que Etienne s'appelait en fait Claude et que malgré trois actes aux données contradictoires, il s'agissait bien de la même personne. J'étais en possession des mêmes actes que lui et je ne voyais pas comment il pouvait faire cette affirmation. (Si vous avez manqué quelque chose retrouvez le billet précédent ici). Une autre personne sur le même site reprenait ces mêmes données : contactée par mes soins elle me répondit qu'elle avait recopié sans véritablement vérifier ; elle n'était par conséquent pas à l'origine de ces informations. Je contactai donc sa source et dans l'attente de sa réponse éventuelle, je partageais mon énervement sur mon blog (ça sert aussi à ça...)
Et j'ai reçu la réponse à ma question ; mon correspondant avec une très grande amabilité m'expliqua comment il était parvenu à cette équation : Etienne = Claude. Et là, tel le commissaire Bourrel je m'écriais : "bon Dieu , mais c'est bien sûr "! Je n'avais pas regardé où il fallait, ou plus exactement je m'étais focalisée sur trois actes ; il me manquait le recul telle une hypermétrope sans lunette...
La pièce manquante, l'élément déclencheur se trouvait dans l'acte de décès du fils d'Etienne, que j'avais également en ma possession. Sur cet acte il était mentionné que le défunt était le fils du dénommé "Claude-Etienne". D'après mon interlocuteur, le dénommé Claude quitta la métropole pour la Réunion pour des raisons qui n'appartenaient qu'à lui et qu'il n'a partagé avec personne. Arrivé sur l'île Bourbon, il prit le prénom d'Etienne et au moment de son mariage annonça qu'il était né à Beaune, ce qui n'était pas la vérité. Simple raccourci géographique ? C'est possible. Il ne faut pas oublier que nous sommes alors en 1822, très loin de la métropole et qu'alors les informations ne sont pas directement vérifiables et sont transmises oralement. Le village dont est originaire toute la famille de Claude-Etienne se trouve à une quarantaine de kilomètres et peut-être a-t-il voulu tout simplement "simplifier" ses origines et que depuis la Réunion, cette distance parait bien dérisoire. Il se fait donc appeler Etienne au quotidien. Mais peut-être avait-il confié à ses proches que son prénom de baptême était Claude et la transmission orale a fait le reste.
Mon interlocuteur - qui est un descendant direct de ce Claude - Etienne, m'a également donné des informations complémentaires, tenant de la légende familiale, arrivée jusqu'à lui. Ce n'est pas vérifiable, mais tellement romanesque !
Ainsi, cet homme aurait été un grognard de Napoléon. On suppose également qu'il aurait été en "délicatesse" avec les autorités et aurait fui sa région natale. Il semble être arrivé sur l'île avec un petit pécule qui lui aurait permis d'acheter de la terre et des esclaves. Enfin, toujours selon la légende familiale parvenue jusqu'à mon correspondant, son épouse, dont le prénom varie en fonction des actes, avait choisi de se faire appeler Clémentine pour se différencier de la maitresse de son mari qui portait le même prénom qu'ellle.
Les informations sur une personne ne sont pas seulement contenues sur les actes d'état civil la concernant directement. Des éléments biographiques se trouvent également dans les actes des personnes qui l'entourent et dans lesquels elle apparaît en temps que ascendant ou descendant, ou encore témoin.
Pour exemple cette semaine, j'ai pu reconstituer le parcours militaire d'un soldat pendant la première guerre, en reconstituant la fratrie de son épouse. Il était le témoin de mariage de sa belle-soeur, et à côté de son nom, il était fait mention de son grade et de son régiment d'origine. Jusque là, je savais qu'il avait été décoré de la croix de guerre, ce qui lui donnait le statut de combattant, mais je n'avais pas pu avoir accès (pour le moment) au registre de matricules, le département dont il était originaire n'avait pas d'archives en ligne.
Grâce à cette recherche, j'ai également pu apprendre que la mère de son épouse était décédée entre avril 1918 et mars 1919, entre deux mariages de ses enfants, car mentionnée vivante dans l'acte d'avril 1918, elle était déclarée décédée dans celui de mars 19191. Ce qui réduit considérablement le champ des recherches.
Alors, je crois qu'il ne faut jamais hésiter à aller plus loin, prendre du recul pour mieux regarder, faire des recherches annexes pour mieux se recentrer et apporter un nouvel éclairage. La vérité est un puzzle.
Bravo Anne pour ce billet très intéressant
RépondreSupprimerje suis totalement d'accord avec toi :) la vérité est un puzzle, et la pièce qui va nous donner la solution n'est pas forcément celle qu'on croyait. L'étude des collatéraux est une grande ressource, pleine de solutions, qui menent à de nouvelles question :) Quant à ce claude Etienne, il m'a l'air d'un personnage intéressant :) encore un roman d'aventures :)
RépondreSupprimerEn fait, des choses étranges qui nous semblent être des erreurs, ont parfois des explications... On ne cesse jamais de chercher... et de trouver !
RépondreSupprimerEt il faut toujours revenir quelques temps après sur ce qu'on a lu; la nuit porte conseil. Toutes les pistes sont à envisager. Ton article est un exemple de la raison pour laquelle nous faisons de la généalogie. Sans épines, d'embûches, nous aurions moins de choses à raconter et moins de piquants. Merci pour ton article et bon we à toi. Benoît de MesRacinesFamiliales
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