Mémoire vive / Côté professionnel

Mémoire vive / Côté professionnel
De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

jeudi 27 septembre 2018

La chasse aux aïeux

Il s'appelle Louis. Il est né en Dordogne en avril 1815. Il est le fils de Jean et d'Antoinette.
Il se marie une première fois en 1844, devient veuf, se remarie en 1847 avec la soeur cadette de sa première épouse, redevient veuf et se remarie une dernière fois en 1852.

Dans ses différents actes de mariage, il est mentioné qu'il ne peut produire son acte de naissance mais dispose d'un acte de notoriété établi par le juge de paix où il est précisé son lieu et sa date de naissance.

AD 24

Déjà les registres de sa communue natale n'étaient probablement pas accessibles ; il est même précisé dans ces 3 actes de mariage, qu'il ne connait pas ses aïeux : le nom de ses parents figurent mais il n'est pas en mesure de citer le nom de ses grands-parents. Son frère qui est son témoin ne le peut non plus.

AD 24

Son acte de décès datant de 1902 ne mentionne pas sa date de naissance.

Voila ce qui amène mon client : en savoir davantage sur sa 5ème génération, les parents de Louis et si possible remonter une génération supplémentaire. La chasse peut commencer.

Comme je l'ai précisé plus haut, il n'y a aucun registre d'état civil de la commune de naissance disponibles entre 1805 et 1830. 25 années manquantes qui auraient été fort utile. Mais il y a les recensements (à partir de 1836) et les tables décennales malgré l'absence des registres.

La recherche va débuter par un examen des différents documents disponibles et s'étendre à la fratrie.
Pour pimenter l'aventure, les frères, oncles et descendants portent quasiment tous le prénom - peu répandu il est vrai - de Jean. Le risque d'homonymie est grand et les vérifications via les épouses compliquées par le fait des veuvages et remariages. Ainsi l'individu marié ou veuf au moment du mariage de son fils peut avoir changé d'épouse au moment de son décès. Ce qui n'est pas trop difficile quand les dates et les filiations sont mentionnées et bien établies, devient incertain quand les dates ne corroborent pas les faits. Sans parler des changements de prénom  : né "Jean" peut mourir "Pierre", histoire de se démarquer de son père, de son frère décédé et/ou de son fils ou de son neveu...
Bref, on prend une grande inspiration et on démêle la pelote ; les cauchemars du généalogiste décrit par Sophie Boudarel dans ses derniers billets semblent se concentrer sur un seul cas !

Dans le recensement de 1836, je trouve un Jean reconnu comme chef du ménage : il est marié, père de deux enfants (dont un petit Jean) ; son père, Jean, vit avec eux ; il est fait mention de deux autres frères vivant avec eux : Pierre et Jean... mais pas de trace de Louis.

Le problème a été de savoir s'il s'agissait bien de la famille de Louis ; grâce au nom de l'épouse du premier fils, mentionnée dans le recensement, je trouve leur acte de mariage célébré dans une commune voisine. La filiation du marié est établie et me voila en présence du frère aîné de Louis, né dans une commune différente de celle où il réside et où il sera plus tard recensé. On présume une histoire de terre, de partage, d'héritage. Le lieu dit où la famille est recensée dépend d'une commune mais n'est pas très éloignée de nombreuses autres. J'ai oublié de préciser que le terrain de jeux ne m'est pas inconnu ; je suis sur la terre de mes ancêtres maternels , dans cette partie du Périgord noir où l'habitat est assez éclaté, les communes nombreuses.



En consultant les sites de généalogie en ligne, j'ai pu identifier la présence de membres de cette famille dans différents villages avoisinants ; vu leur taille et leur population, l'examen des tables décennales ne sera pas trop long.

Je vais commencer par ceux dont les noms me parlent, que j'ai du traverser enfant,où se trouvent ou se trouvaient des oncles et cousins de ma mère. Des souvenirs de fermes aux pierres ocres et aux toits de lauze me reviennent. Je revois ces grands-oncles et grandes-tantes âgés, nous accueillant, nous les parisiens, parlant un mélange de français et de patois, chaleureux et affectueux et ne nous laissant repartir que les bras chargés de conserves, d’œufs frais et de cagettes de fruits. Le tout après un festin de produits régionaux.

crédit photo : mairie de Saint-Geniès

Mon esprit voguait au gré de ces souvenirs plein de soleil pendant que je tournais les pages (virtuellement) de ces tables décennales. Et puis, la chance, l'inspiration, - appelez ça comme vous voulez- m'ont fait tomber sur le mariage des parents de Louis où figuraient les noms de ses grands-parents.

Tout en apprenant à mon client le nom de ces ancêtres manquants, j'avais l'impression de m'adresser à Louis et ses frères et de leur délivrer presque 200 ans après le nom de leurs aïeux.



lundi 2 juillet 2018

Trente jours de généalogie - Quatrième semaine et derniers jours

Je vais commencer par répondre à la question posée le dernier jour "Pourquoi la généalogie ? " La généalogie c'est le plaisir de la recherche, c'est la sensation du voyage immobile au fil des pages que l'on tourne, c'est appréhender l'histoire à taille humaine et se rendre compte que nos ancêtres étaient faits de chair et d'os, qu'ils ont vécu, aimé, enfanté, travaillé et qu'au final ils sont beaucoup plus proches de nous que nous le pensons. D'ailleurs le coté enquête de la recherche généalogique fait de moi une Miss Marple qui aurait laissé les doigts dans la prise, (jour 23), une passeuse d'histoires sensible et enthousiaste. Mes carnets sont plein de gribouillis de couleurs, mes doigts plein d'encre (jour 26), mes pensées et mes idées prennent forme un crayon à la main.



Le joie de la découverte et la joie de présenter ses recherches, se résume parfaitement dans cette chanson de Boby Lapointe, véritable hymne à la généalogie  (jour 25).


La question du nom et du métier (jour 22 ) me fait chercher dans deux branches différentes de mon arbre ; détour par la branche maternelle pour le nom de jeune fille de ma grand-mère : Chanteloube que je trouve si chantant à mon oreille et qui a suscité des réactions sur Twitter : des Chanteloube dans les Cévennes et en Haute-Loire.  Le métier choisi me ramène sur mes terres morvandelles avec mon ancêtre directeur de la poste aux lettres dont j'ai déja évoqué l'histoire dans ce billet.



Généalogiste professionnelle, je ne consacre pas forcément le peu de temps libre (jour 24) que j'ai à ma généalogie personnelle, mes recherches familiales en souffrent quelque peu : les cordonniers restent définitivement les plus mal chaussés... Cependant la lecture (jour 29) reste un goût acquis de longue date, de cette période de l'enfance où temps libre rimait avec ennui... "Les disparus" de Daniel Mendelsohn est le livre le plus intéressant et bouleversant que j'ai lu ces dernières années ; le récit d'une longue (en)quête sur les destins tragiques d'une partie de la famille de l'auteur restée en Pologne livrée à la barbarie nazie, et une grande réflexion sur ce que sont les liens familiaux, les choix de chacun, les trajectoires de vies ; un grand livre.


Les objets (jour 27) du passé sont autant de vecteurs de mémoire : un bijou, une médaille, une étoffe... Pour ma part il s'agit d'un chapelet que j'ai reçu d'une cousine germaine de ma grand-mère, très pieuse,  37 ans après qu'elle ait pris la décision de me l'offrir. Ce cadeau du passé a beaucoup de valeur pour moi ; il est l'encouragement venu d'outre-tombe à ne pas laisser tomber les recherches et à continuer de transmettre l'histoire de notre famille. Cette vieille cousine, que je n'ai vu qu'une seule fois enfant, a été la première archiviste de notre famille : elle a annoté des faire-part, ajouté des commentaires en bas de certains papiers, révélant en quelques mots les circonstances exactes du décès d'un ancêtre, circonstances tragiques qui sans elle seraient restées dans les tréfonds de l'oubli.


Toute cette histoire de transmission et de passage de relais fait l'objet de ce billet.

Enfin pour terminer, je formulerai un voeu, un souhait qui traduit une envie folle (jour 28), traverser l'Atlantique en direction de l'Argentine et aller à la rencontre de mes cousins, que je ne connais que par le biais des réseaux sociaux. Envie de parler avec eux des vivants et des morts, partager, refaire le monde et notre histoire familiale.

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Le défi généalogie 30  m'a fait passer un agréable mois de juin et m'a permis de renouer avec le plaisir de la réflexion, de l'écriture et de la publication à intervalle régulier sur le blog. Plaisir de lire et d'échanger avec les autres participants par le biais des réseaux sociaux : susciter des réactions, ouvrir des pistes, entrer en résonance ; plaisir enfin de revenir sur les articles publiés et se rendre compte que ce qui était vrai et pertinent à une époque donnée l'est demeuré ; c'est une constance qui rassure et dresse de moi un portrait fidèle ; la généalogie à travers ses recherches, son exigence, sa patience, me renvoie en miroir ce que je suis et ce que j'aime. D'en avoir fait ma profession, m'apparait après 8 ans d'exercice toujours une bonne idée, un choix évident. 

jeudi 21 juin 2018

Trente jours de généalogie - troisième semaine

Le jeu continue... cette semaine il a été question de ruches, d'outils, de cousinage, de grandeur, d'albums photos, d'insolite et de document préféré.
Tous ces thèmes contribuent à donner une vision impressioniste de notre rapport à la généalogie ; touche après touche, le tableau prend forme.

D'abord de jolies ruches (jour 15) repérées sur les signatures qui figurent sur les actes attirent l'oeil avisé du chercheur qui voit là une jolie conclusion des pattes de mouches qu'il vient de tenter de déchiffrer  ;



Les miennes sont l'oeuvre d'un curé et d'un maire et viennent se poser comme point d'orgue à la lecture de l'acte.  Cette décoration que l'on peut retrouver à la suite de certaines signature ne figure pas sur l'acte de naissance de l'ancêtre de l'une de mes clientes, rédigé et signé par mon propre ancêtre, maire et médecin du village. Ce cette découverte insolite (jour 20) est relatée dans cet article du blog au titre emprunté à Paul Eluard "Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous". 


Le partage sur le blog et les réseaux sociaux apportent outre leurs commentaires et soutiens (toujours les bienvenus) des retours parfois étonnants : des cousins (jour 18) parfois de l'autre bout du monde prennent contact et donnent des nouvelles récentes du passé et viennent compléter les blancs d'une histoire familiale oubliée ou méconnue. C'est une véritable gratification, une récompense pour toutes ces heures passées avec mes carnets et mes crayons, mes outils de prédilection (jour 19), à prendre des notes, poser des hypothèses, à faire des retranscriptions, des schémas. 

crédit photo : Anne Dardaud

En complément de ces carnets, il y a les albums photos (jour 17)  : aussi bien ceux qui de ma famille sont en ma possession et qui sont les illustrations et marqueurs temporels, que les albums que je réalise pour mes clients. C'est toujours un privilège que d'entrer par ce biais dans l'histoire des personnes que l'on ne connait pas, de découvrir des visages, d'écouter et de noter les histoires de ces personnes et enfin d'agencer le tout sous forme de livre afin de mieux les partager. C'est une autre façon de faire de la généalogie.

Livres réalisés par Mémoire vive


Cette photo aurait pu figurer parmi d'autres dans un vieil album. Il n'en est rien, car dans cette branche, aux origines modestes, il n'y a quasiment pas de photos. Si ce n'est celle-ci : mes arrière-grands-parents maternels, le jour de leur mariage en 1897 et dont l'histoire est racontée ici.

crédit photo : famille Valéry
J'ai pour eux une affection anachronique ; très grande (jour16) est mon admiration pour cette petite dame au visage doux, qui a mis au monde huit enfants dont deux fois des jumeaux (dont mon grand-père), dans une petite ferme d'une seule pièce en Corrèze, à la toute fin du 19e et au tout début du 20e. Ils déménageront ensuite en Dordogne.

J'aurais pu proposer cette photo comme le document à présenter en ce jour 21. Mais à la réflexion, j'ai préféré choisir cette photo qui est le véritable document sur lequel j'ai bati une partie de ma généalogie.
crédit photo : famille Jourda
Trois générations en ligne directe : la dame assise est mon sosa 93 ; elle est née avant la révolution ; à ses côtés son fils, mon sosa 46, et au dessus-d'elle sa petite fille , mon sosa 23 et son époux mon sosa 22. Cette phto a été prise vers 1860, très certainement à Paris.

Le défi généalogie 30 se poursuit toute la semaine qui vient. Vous pouvez me retrouver ainsi que les nombreux autres participants sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement sur Twitter avec le mot dièse #genealogie30. Sinon rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle synthèse!

jeudi 14 juin 2018

Trente jours de généalogie - deuxième semaine

Deuxième semaine de micro-publications sur Tweeter en répondant à un thème quotidien sur notre rapport à la généalogie. Voici une autre façon de parler de soi, de son rapport aux autres, à la recherches en mettant en exergue ses qualités (patience, rigueur...) et ses défauts (impatience, bazar...).

C'est aussi l'occasion pour moi de republier des billets écrits il y a quelques années ; le blog de Mémoire vive fêtera en décembre prochain ses huit années d'existence et ça fait de nombreux sujets abordés que je retrouve dans ce nouveau défi ; je suis donc particulièrement contente de re-partager ces billets, tirés d'une époque où je découvrais encore certains aspects de la généalogie, notamment grâce à ce qui était devenue mon activité professionnelle.

Retour cette semaine aux origines en s'interrogeant mercredi (jour13) sur l'élément déclancheur des recherches. Pour ma part toute est partie d'une question posée devant la tombe des arrière-grands-parents de mes enfants. On savait que l'un et l'autre étaient orphelins mais leur petit-fils ne savait pas s'ils avaient été abandonnés ou bien s'ils l'étaient devenus. En interrogrant la famille, on apprit qu'ils avaient eu, l'un comme l'autre, des parents, décédés précocément. Mais personne n'était en mesure de préciser les circonstances. Et c'est ainsi que nous avons fait la connaissance de Flore, de Germaine , de trois frères et d'une girafe.

crédit photo : Dardaud

C'est d'ailleurs cette fameuse girafe qui est venue illustrer le thème du bestiaire (jour 9 ), car c'est en découvrant la vie de l'un des arrière-grand-oncle de mes enfants que j'ai fait connaissance avec la belle Zarafa.


La question du temps qui passe sous la forme d'un tic-tac obsessionnel (jour 12) est centrale dans toute démarche généalogique ; déja en 2012 je comparais le généalogiste à un pilote de machine à remonter le temps.




Au cours de ces longs voyages dans ces couloirs temporels à la recherche des marqueurs immuables à toute vie, le généalogiste collecte tout ce qui sera susceptible de le faire avancer. Ce "carburant" donne à sa généalogie des couleurs sépia, des camaieux de beige rosé (jour 11) tout droit sorti des papiers de famille.
crédit photo : Jourda

Plus on avance dans le temps et dans les registres et plus les actes (jour 14) soumettent le chercheur à des écritures qui s'apparentent à des tests de Rorschach. La paléographie pimente la recherche généalogique. Parfois l'envie d'interpeler vertement le transcripteur de ces lignes en mode purée de mouches. Là encore j'ai trouvé dans les archives du blog cet article sur ces actes dont la lecture - ou le déchiffage- nous use les yeux et joue avec nos nerfs.

Il n'en demeure pas moins que malgré les difficultés on poursuit notre quête incecessant à la recherche de ce qui sera la plus belle archive, notre saint-Graal, notre inaccessible étoile (jour 10) et qu'un jour peut-être on parviendra à l'arbre parfait qui méritera d'être imprimé (jour 8) et sera aussi réussi que celui de Norman Rockwell.

Norman Rockwell


Retrouvez les participants de ce défi sur Twitter avec le #genealogie30.

jeudi 7 juin 2018

Trente jours de généalogie - Première semaine

Voila une idée qui me plait : parler de sa généalogie, de ses recherches passées ou en cours, en respectant un thème donné et surtout partager ses émotions et ses trouvailles via les réseaux sociaux et/ou les blogs. Belle idée née de la fertile imagination de Sophie Boudarel qui nous convie à jouer avec elle pour notre plus grand bonheur.

Retour sous forme de synthèse de cette première semaine de jeu.

C'est donc depuis mon espace de travail professionnel (jour 4), dans une joyeuse ambiance de coworking, sérieuse et motivante, bienveillante et inspirante que je me propose de vous faire la synthèse de ces 7 premiers jours.



Ma généalogie (jour1) et celle de mes enfants trouvent leurs racines essentiellement en France à l'exception d'une petite racine en Allemagne.

De mon coté, les ancêtres se trouvent pour une grande part en Bourgogne et pour une autre part dans le Périgord. La jonction s'est faite au centre, à Bourges ville chère à mon coeur où mes parents se sont connus. Le lien avec le sud de la France est renforcé par un grand-père aux origines lauragaises, entre la Haute-Garonne et l'Aude.

Du côté de mes enfants, on ne s'éloigne guère du premier terrain de jeu en allant dans le Limousin pour une part, et en Franche-Comté de l'autre. Une branche dans les Ardennes et un ancêtre allemand, venu s'installer en France et qui apporte avec lui une touche d'exotisme d'outre-Rhin, élargissent le champs des recherches.
Certaines branches ont été explorées par des membres de la famille, d'autres restent à explorer au gré du temps et de la mise en ligne des archives concernées.

Au fil des actes et des documents trouvés, je suis toujours émue de pouvoir lire les signatures (jour 2) car au delà des lettres plus ou moins bien formées au bas d'un registre, on imagine la main tenant la plume, puis le bras de la personne, véritable incarnation de l'ancêtre qui devient alors plus qu'un simple nom.
A l'inverse, l'émotion est toute aussi grande quand figure la mention "déclare ne savoir" en place de la signature. Cette absence est un marqueur sociologique, révélateur d'une condition sociale à une époque donnée.

Pas de signature dans cet acte de baptême de Léonarde Petitvincent, petit nom pour ma grande sosa  641 que j'avais un peu oubliée et que le thème du jour 5 à savoir "petit" me permet de remettre en lumière.

Archives départementales de la Nièvre


On reste toujours dans l'écriture avec le thème de la lettre ou du carnet retrouvé (jour 6); j'ai beaucoup de chance d'avoir dans les papiers de famille qui me sont parvenus des échanges épistolaires mais aussi des carnets, des dessins en plus des photos. Personne dans ma famille n'a succombé au symptôme de la razzia à savoir tout brûler pour faire place nette du passé, ce qui n'est pas le cas chez certains participants qui le regrettent. J'ai donc choisi de mettre en avant ce livret militaire de mon ancêtre Guillaume, grand-père de mon grand-père paternel qui a servi de cahier de brouillon à l'un de ses enfants. 


Mes recherches personnelles ne sont pas toujours des plus organisées, je suis à l'inverse de ma pratique professionnelle, un véritable abeille (davantage que cigale) qui butine d'acte en acte, de nouveaux documents en nouvelle piste, de branche en branche au gré de mes envies et de mes intérêts. Cette double organisation avait d'ailleurs fait l'objet d'un billet publié sur ce blog il y a quelques années. Je viens de le relire et je m'aperçois que je n'ai pas changé...

Voila pour ces premières journées de ce nouveau défi. 
Vous trouverez avec ce lien davantage de détails et ce qui nous attend pour les jours à venir. N'hésitez pas nous suivre sur les réseaux sociaux notamment sur Twitter avec le  #genealogie30 et si vous n'avez pas de compte, on se retrouve dans une semaine pour un nouveau bilan. N'hésitez pas non plus à entrer dans le jeu, même avec un quelques jours de retard.

mardi 15 mai 2018

Trouvaille

C'est un morceau de papier jauni par le temps, taché à certains endroits, retrouvé parmi des documents de famille qui avaient étaient rangés dans une boite, oubliée depuis. C'est un fragment de vie, le témoin administratif d'une vie éphémère.

Guillaume est mon grand-oncle. Il est le frère ainé de mon grand-père paternel. C'est assez étonnant de lui donner ce lien de parenté - bien réel- sachant qu'il est décédé à 15 ans, son jeune frère encore bébé. Il est pour toujours figé dans l'histoire familiale et dans le temps comme fils ainé ou encore frère ainé ; lui donner le titre de "grand-oncle" c'est lui donner une vie qu'il n'a pas eu le temps de vivre.

Aucune photo, aucun portrait de cet ancêtre et à part ses actes de naissance et de décès, ce diplôme, qui lui donne une dimension sociale ; il a été élève à l'école publique de Chalabre dans l'Aude et à ce titre a réussi son certificat d'études primaires. Il n'a pas encore 13 ans, puisque né le 3 septembre 1891.

On imagine alors en ce mois de juin 1904 la fierté de ses parents et sa satisfaction personnelle d'avoir réussi. 



Le 15 novembre 1906 Guillaume devient grand frère. C'est Alfred, mon grand-père qui en cet automne pointe le bout de son nez tout rond. La relation fraternelle n'aura pas hélas le temps de s'installer. Le 21 avril 1907, Guillaume décède brutalement ; l'histoire familiale raconte qu'il avait longuement couru sous le soleil et qu'il s'était désaltéré avec de l'eau glacée d'une fontaine. Une congestion l'avait alors emporté.

Quand je pense à son histoire tragique, me viennent à l'esprit les vers de Boris Vian tirés de son poème "Le temps de vivre" : le contexte est certes différent ( la fuite haletante d'un évadé), mais la symbolique de l'exaltation de l'existence résonne fort quant au destin de Guillaume.

" Il a dévalé la colline
 Ses pieds faisaient rouler des pierres
 Là-haut entre les quatre murs
 La sirène chantait sans joie
 Il respirait l'odeur des arbres
 Avec son corps comme une forge
 La lumière l'accompagnait
 Et lui faisait danser son ombre
 Pourvu qu'ils me laissent le temps

Il sautait a travers les herbes
 Il a cueilli deux feuilles jaunes
 Gorgées de sève et de soleil
 Les canons d'acier bleu crachaient
 Des courtes flammes de feu sec
 Pourvu qu'ils me laissent le temps
 Il est arrivé près de l'eau
 Il y a plongé son visage
 Il riait de joie il a bu
 Pourvu qu'ils me laissent le temps

 Il s'est relevé pour sauter
 Pourvu qu'ils me laissent le temps
 Une abeille de cuivre chaud
 L'a foudroyé sur l'autre rive
 Le sang et l'eau se sont mêlés

 Il avait eu le temps de voir
 Le temps de boire à ce ruisseau
 Le temps de porter à sa bouche
 Deux feuilles gorgées de soleil
 Le temps de rire aux assassins
 Le temps d'atteindre l'autre rive
 Le temps de courir vers la femme

 Il avait eu le temps de vivre"

Version audio 


jeudi 11 janvier 2018

Voeux et résolutions

Nouvelle année, nouvel élan qui donne envie de passer l'éponge sur les manquements et les ratés de l'année écoulée, laissant place à une belle ardoise immaculée où les voeux et les désirs s'écrivent à la craie blanche. Animés d'une conviction propice à ces moments où tout nous semble possible à nouveau, on formule des voeux pour ceux qui nous entourent et on énonce ses bonnes résolutions prenant le monde à témoin, comme si le fait de les formuler à haute voix nous donnait l'obligation de les tenir.

Alors qu'on ne souhaite que le meilleur pour les autres, nous voici au moment des résolutions dans l'examen de conscience le plus strict, l'auto-critique la plus acerbe en pointant du doigt tout ce qu'on a manqué, toutes les résolutions non tenues qui nous renvoient tel un miroir grossissant tous nos défauts, toutes nos faiblesses augmentées, nous faisant jurer que cette fois-ci c'est la bonne, on va changer, on va progresser, on va faire preuve de volonté, de fermeté, de rigueur.

Cette année j'ai décidé de bien me traiter et de m'inclure dans ce que je souhaite aux autres ; aucun bilan, aucune résolution mais juste des voeux de généalogie heureuse et joyeuse, de partage sur les blogs et les réseaux sociaux, de découvertes d'histoires drôles et insolites, de recherches toujours passionnées, d'entraide dans nos épines et de solidarité dans ce qui nous touche au quotidien. Tout ce que j'ai accompli cette année relève des hasards et des opportunités saisies. Mes résolutions rigides pour 2017 n'ont pas tenu longtemps face à l'énergie et la vitalité des imprévisibles rencontres et de la conduite de projets inspirants.

Je ne sais pas ce que sera mon blog cette année, les projets d'écriture et de publications se sont retrouvés malmenés suite à des réactions familiales auxquelles je ne m'attendais pas et qui m'ont quelque peu destabilisées ; je ne veux heurter personne, ni accaparer l'existence de nos ancêtres qui au final n'appartiennent à personne. Alors on verra bien, je le garde comme média pour la passeuse d'histoire que je suis. De mon travail et de mes rencontres naitront bien des billets que je serai heureuse de partager.

Belle année à nous tous.