Mémoire vive / Côté professionnel

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De la découverte de vos ancêtres à la transmission de vos histoires et souvenirs de famille

vendredi 24 juin 2016

U comme uniforme

Hier, les collégiens (dont mon fiston) qui passaient le brevet ont bûché sur un extrait de "Ceux de 14"  de Maurice Genevois  intitulé "La Boue". 
Après avoir rendu hommage hier à mon arrière-grand-père Jean, tué à l'ennemi, je voulais aujourd'hui revenir sur mon arrière-grand-oncle Louis, dont le portrait m'a toujours fasciné. Il a combattu, il en est revenu et sa fiche de matricule, récemment trouvée, m'a apporté nombre d'information sur cet ancêtre alors méconnu.

Crédit photo : Jourda

Il s'appelle Louis Rey. Il est le frère de Marie Rey qui par son mariage est devenue Marie Jourda, la mère de mon grand-père paternel.

J'ai fait la connaissance de Louis en trouvant dans l'ensemble des papiers et des photos de famille, ce cliché.

Voila un homme aux belles moustaches, à la fière posture qui pose en uniforme. Il semble robuste, cintré dans sa tenue de militaire. Les manches sont un peu juste en longueur et laissent apparaitre deux mains puissantes, des mains de travailleur de la terre. La photo a du être retaillée, certainement pour tenir dans un cadre : il manque quelques millimètres tout autour.

Au dos, il y a un texte. Il s'agit en fait d'une carte postale envoyée par un frère à sa sœur et son beau-frère. Elle est datée du 7 février 1915.


"Lunel, le 15 février 1915
Chère soeur et Beau frère
Ayant eu l'occasion avec des camarades de faire photographier l'autre dimanche, en les envoyant à la maison, je vous en envoie une ainsi qu'aux Pages ! Se ne sont que des cartes comme vous voyez mais aussi le prix n'est guère élevé, 5 sous chacunes. En même temps je vous fait part de mes nouvelles, je me porte toujours bien ; je désire de même chez vous à tous, je fais demander aussi un certificats qui a des permissions au sujets des tra(vaux) du printemps  : nous allons essayer (...) plus au dépôt on n'est pas (...)on réussira comme l'autre fois. je vous quitte en vous (...) Beau frère. Rey Louis."


C'est grâce à sa signature que j'ai pu l'identifier ; j'ai ainsi appris que mon arrière-grand-mère Marie avait un frère. Mon grand-père avait donc un oncle. Véritable découverte car peu d'éléments de cette branche de la famille nous étaient parvenus. En parcourant les tables décennales de la commune de Saint-Félix-Lauragais où est née sa sœur,  je trouve la mention d'un Louis Rey, né le 7 décembre 1873. Je retrouve l'acte qui me confirme la filiation : Louis est bien le fils de François et de Marie Tarrisses.



Je reste touchée par cette carte d'un soldat qui espère une permission pour revenir chez lui et s'occuper de ses terres. Elle montre un homme lié à sa famille : il a écrit aux siens mais grâce au coût modique de la carte, il a également envoyé de ses nouvelles aux Pagès, un lieu-dit non loin de Montmaur, où résident certainement une autre partie de sa famille, et à sa sœur et son mari, qui eux, résident à Soupex. Ce sont aussi des nouvelles d'un soldat se trouvant avec ses camarades dans un "dépôt", loin du front, et des tranchées, pour qui la guerre doit sembler encore, bien lointaine. Mais pour combien de temps ?

J'ai voulu en savoir davantage dans le parcours militaire de Louis, et j'ai trouvé il y a peu sa fiche de matricules. Je savais qu'il n'était pas mort au front, son nom ne figurant pas parmi ceux qui sont "morts pour la France".


La fiche de matricule nous apprend qu'il a été nommé "trompette" lors de son service militaire. Il a été renvoyé dans ses foyers en 1897 puis mobilisé en août 1914. Il arrive au corps en octobre 1914. Il est nommé brigadier en novembre 1915. Il passe au 116ème régiment d'artillerie le 29 juin 1917. Mais il est déclaré "inapte" durant deux mois pour "faiblesse, mauvais état général". Je n'ose imaginer ce que ce robuste gaillard a enduré pour que même l'armée le juge inapte pour deux mois. Par la suite la commission de réforme le laisse en sursis au titre "d'engreneur de battage" à Montmaur, et ce jusqu'en septembre 1918. Il est définitivement rendu à la vie civile à la fin de la guerre. Il a alors quarante-six ans.

Voila ce que je sais de Louis Rey. Ma recherche est partie d'une simple photo-carte postale. Ma quête n'est toujours pas finie ; pour le moment je n'ai pas d'éléments biographiques supplémentaires, mais je sais que le temps joue pour moi, et je sais être patiente.

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