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Éloignée de mon blog par une activité professionnelle
particulièrement chronophage mais passionnante, j'ai pris conscience
que le temps est LA question centrale de la généalogie et que tout notre
travail s'articule autour.
J'ai voulu alors mener plus avant cette réflexion sur cette révélation qui s'imposait à moi.
J'ai voulu alors mener plus avant cette réflexion sur cette révélation qui s'imposait à moi.
On
peut opérer une véritable distinction entre le temps qui passe (souvent
trop vite) et le temps passé. Ce temps historique que l'on remonte est
immuable, il bouge peu à l'inverse du temps qui est nécessaire pour
l'explorer. Et c'est la à mon sens tout le paradoxe du chercheur
d'ancêtres : la matière que l'on travaille est vivante, elle n'est pas
figée, et chaque jour qui passe sédimente les informations et les
données de la veille.
Me
voilà à considérer mon travail de généalogiste non seulement comme
pilote d'une machine à remonter le temps, mais également comme mineur
munie d'une pioche qui va s'attaquer à extraire de la montagne temps,
toutes les infos qui s'y trouvent. La métaphore est aisée mais illustre
une réalité qui soumet parfois à rude épreuve notre patience et notre
persévérance.
The time machine |
J'envisage
le temps passé comme une montagne d'un seul bloc, mais parcouru par des
galeries que l'on emprunte, dans lesquelles le rythme de progression
varie : rapide si on a la chance de tomber sur un filon, sur une veine.
Ainsi ces ancêtres qui sur deux siècles n'ont jamais quitté leur village
où les registres ont été conservés dans de bonnes conditions, numérisés
avec soin et rendus librement consultables au moyen d'un logiciel
performant qui en permet une lecture aisée et une copie facilitée.
Vision idyllique des recherches, cas exceptionnels, car généralement la
réalité est tout autre.
Il
y a les galeries dans lesquelles on progresse lentement, pelletée après
pelletée, mais parfois, la roche est dure et ne s'ouvre pas malgré les
coups de pioche. On butte sur des questions sans réponse notamment
lorsqu'on rencontre des enfants abandonnés, confiés aux soins de
l'assistance publique. Si on est dans une période relativement récente,
on peut trouver les dossiers d'abandon, les lettres éventuelles, les
familles. Parfois la galerie s'est effondrée et il ne reste rien des
travaux accomplis : registres détruits par le feu, rongé par les souris
ou par l'humidité. Reste alors une énorme frustration.
Et puis il y a les sondes que l'on effectue là ou là, et dont on attend un résultat, une réponse.
C'est alors le temps de l'attente qui commence, et même si on en profite pour explorer des galeries annexes, moins importantes, moins significatives, on reste en suspend, la pioche à la main à attendre. Ce temps là ne nous appartient plus, nous sommes tributaires, d'une réponse, d'un courrier. Même une réponse négative est une réponse. On est en attente. Et ce n'est pas une position confortable.
C'est alors le temps de l'attente qui commence, et même si on en profite pour explorer des galeries annexes, moins importantes, moins significatives, on reste en suspend, la pioche à la main à attendre. Ce temps là ne nous appartient plus, nous sommes tributaires, d'une réponse, d'un courrier. Même une réponse négative est une réponse. On est en attente. Et ce n'est pas une position confortable.
Harold Lloyd |
Et puis il y a encore un
autre aspect du temps en généalogie, c'est le temps de la vie, les
étapes invariables, plus au moins espacées que l'on retrouve au gré des
registres et des archives. Ce sont des véritables marqueurs temporels :
les actes de naissance et de baptêmes, les actes et les contrats de
mariage, les divorces, les décès et sépultures, les déclarations de
succession, auxquels viennent s'ajouter les papiers de famille. Ces
cycles qui marquent une vie et que l'on retrouve génération après
génération, nous renvoient tel un miroir les étapes de notre propre vie.
©Anne Jourda-Dardaud
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